mardi 8 novembre 2011

Le sommeil en 16 questions (partie 3)


Comment préparer son réveil en douceur ?
Après une nuit de sommeil normalement longue, le réveil est plus doux lorsqu’il se produit au cours d’une phase de sommeil léger, le corps étant alors proche de l’état de veille. D’où l’importance de connaitre son rythme naturel pour adapte son heure de réveil.
Reste ensuite à surmonter ce que les spécialistes appellent l’inertie du sommeil, période de réactivation de l’organisme. Très brève pour certains, elle peut durer quarante-cinq minutes pour d’autres. Elle peut etre raccourcie en s’exposant, dès l’éveil, à la lumière du jour ou à une lumière artificielle assez intense pour resynchroniser l’horloge biologique. Il existe des simulateurs d’aube, sortes de réveils par la lumière qui favorisent ce phénomène. Enfin, pour parachever le réveil, la consommation de caféine ou de théine, ainsi qu’un apport énergétique en glucides, sont bienvenus.
Est-il vrai qu’on dort mieux la tete orientée au nord ?
Nous n’avons trouvé aucune étude étayant cette idée héritée du Feng shui, un art chinois censé équilibrer les ‘’énergies’’ de notre environnement. On peut cependant supposer que cette recommandation tire sa réputation d’efficacité de son aspect rituel, qui crée un contexte rassurant favorable à l’endormissement.
Combien d’heures doit durer un bonne nuit ?
A mesure que se développement le cerveau, nos besoins en sommeil varient : en moyenne, seize heures pour un nourrisson, douze pour un enfant de 4 ans, dix pour un préadolescent, et entre sept et huit à l’age adulte. Il existe toutefois d’importantes différences entre les individus. Les causes n’en sont pas connues, mais,  le fait que des jumeaux élevés séparément aient en général un besoin de sommeil identique laisse penser qu’il existe une composante génétique. Cependant, selon une récente étude américaine portant sur près de 30000 personnes, une durée de sommeil inférieurs à cinq heures ou superieure à neuf heures par nuit augmenterait le risque de développer des maladies cardiovasculaires chez des adultes sains. Le risque diminuerait aux alentours des sept heures de sommeil par nuit (entre six et huit heures).
Vaut-il mieux etre allongé sur le dos ou sur le ventre ?
C’est bien sur une question de confort personnel, mais aussi d’age et de santé. Chez les nourrissons, plusieurs études désignent la position ventrale comme un facteur de risque majeur pour le syndrome de la mort subite : cette position entraine une diminution de la pression sanguine qui peut mener à une défaillance circulatoire. La position dorsale est quant à elle déconseillée aux personnes souffrant de mal de dos, de ronflements ou d’apnée du sommeil : dans ces trois cas, s’allonger sur le coté en chien de fusil fait diminuer les symptomes.
Qu’est-il possible de faire  contre l’insomnie ?
Un mode de vie équilibré et régulier, de la relaxation ou encore des somnifères, déconseillés au-delà d’un usage ponctuel ou, au pire, de quelques semaines sont les armes les plus efficace. Les travaux d’Arthur Spielman, pyschologue et spécialiste du sommeil à l’université de New York, ont par ailleurs montré que les insomniaques passent souvent un temps excessif au lit dans l’espoir de mieux s’endormir : il leur est suggéré de ne pas se coucher avant d’avoir sommeil, et de se relever en cas d’insomnie rebelle. Evitez aussi de compenser par une sieste, qui risque de provoquer une insomnie la nuit suivante. En cas d’insomnie persistante, l’avis d’un spécialiste s’impose : il existe de nombreuses consultations sommeil dans les hopiaux.
Peut-on dormir moins sans risque d’etre plus fatigué ?
Les produits permettant de repousser le sommeil (de la caféine aux amphétamines en passant par le modafinil, mis au point pour soigner les narcolepsies e utilisé par l’armée pour garder les soldats éveillés plusieurs jours de suite) entrainent tous un excès de fatigue un fois passé leur effet – sans compter des effets spécifiques parfois graves sur l’humeur et le comportement. Mais il reste possible de réduire le temps de sommeil, ou de moins de le fractionner, comme s’y entrainent les marins pratiquant les cources en solitaire. La plupart ont opté pour le sommeil ‘’polyphasique’’ : autrement dit, ils apprennent à fractionner leur sommeil en plusieurs ‘’siestes’’ de très courte durée. L’idée, c’est d’apprendre à ressentir et à profiter aussitôt des ‘’portes du sommeil’’, ces instants fugaces (quelques minutes à peine) propices à l’endormissement et situés en début de chaque cycle de sommeil, soit environ toutes les 90 minutes.
Réf : science & vie, N°1128, septembre 2011, page 124

Le sommeil en 16 questions (partie 2)


Quel type de matelas est-il conseillé de choisir ?
La question n’est pas anodine, en particulier si vous souffrez de lombalgie : des chercheurs espagnols ont montré en 2003 que 95% des patients ayant dormi sur un matelas moyennement ferme ressentaient moins de douleurs que ceux ayant dormi sur un matelas ferme. Par ailleurs, des études indiquent que la qualité du sommeil s’améliore quand la literie est renouvelée. Enfin, la position adoptée pourrait jouer un role : les matelas dont la fermeté varie en fonction des zones d’appui du corps seraient mieux adoptés aux personnes qui dorment sur le dos.
Existe-t-il des aliments qui aident à bien dormir ?
Les sucres lents encouragent l’endormissement, de meme que les aliments riches en tryptophane, un précurseur de la mélatonine présent dans le riz complet, le fromage ou le chocolat, par exemple. Au contraire, le lait diminue la capacité du tryptophane à pénétrer dans le cerveau, attention, la digestion augmente la température corporelle, ce qui n’est guère favorable à l’endormissement. Mieux vaut donc éviter les diners copieux et tardifs. Quant à l’alcool, s’il peut provoquer l’endormissement, il nuit à la qualité du sommeil.
Peut-on faire du sport juste avant le coucher ?
‘’le sport fait augmenter la température corporelle, alors que celle-ci doit diminuer au moment du coucher’’, répond Yves Dauvilliers, neurologue spécialiste du sommeil au CHU de Montpellier. Une activité physique intense, juste avant l’heure du coucher, est donc à éviter. Mais si vous n’arrivez pas à dormir, peut-etre n’etes-vous pas assez fatigué. Des chercheurs américains ont montré en 1997 que 30 à 40 minutes d’aérobic ou de marche rapide, quatre fois par semaine, avaient permis à des personnes agées de 50 à 76 ans de diminuer de moitié leur temps d’endormissement.
L’acte sexuel favorise-t-il l’endormissement ?
En effet, l’activité sexuelle y est favorable en ce qu’elle génère une sensation de bien-etre et d’apaisement. Une sensation notamment due à la dopamine, surnommée hormone du plaisir, et aux endorphines, neurotransmetteurs au fort pouvoir relaxant. A condition que l’acte ne soit pas acconpagné de difficultés relationnelles qui, elles, ne manqueront pas de perturber l’endormissement… une étude américaine a montré que la masturbation, accompagnée ou non d’un orgasme, ne diminue pas le temps d’endormissement et ne modifie pas le sommeil.
Dans quelle mesure la sieste est-elle recommandée ?
Les scientifiques ont montré que, quand la durée de sommeil nocturne a été suffisante, une courte sieste en début d’après-midi augmente la vigilance et maintient, voire améliore, les performances durant les deux heures et demie qui suivent. En cas de manque de sommeil, la sieste réduit la somnolence, en particulier chez ceux qui travaillent en horaires décalés.
Il y a plus de vingt ans, la Nasa concluait que les pilotes de long-courrier qui faisaient une sieste de quarante minutes dans leur cockipit se montraient ensuite plus rapides, lors de tests psychomoteurs, que ceux qui restaient éveillés. Cependant, si les études s’accordent sur les effets réparateurs d’une sieste d’une dizaine de minutes, un sommeil diurne de plus de trente minutes peut endendrer les effets inverses. Le neurologue Yves Dauvilliers distingue ‘’sieste plaisir et sieste besoin’’. Si elle devient un besoin irrépressible et systématique, cela peut alors etre le signe d’une pathologie du sommeil. En revanche, si la sieste est un plaisir, si elle n’a pas pour seule fonction de pallier des nuits trop courtes et si elle dure moins de trente minutes, elle est alors recommandée.
Les ondes de téléphones nuisent-elles au sommeil ?
‘’il n’est pas prouvé que les champs électromagnétiques perturbent le sommeil, meme si de rares études menées sur une nuit d’expérimentation ont montré des modifications du sommeil des sujets’’, répond Joel Paquereau, neurophysiologiste responsable du centre du sommeil au CHU de Poitiers. Ces expériences enregistrent d faibles modifications des ondes cérébrales, une augmentation du temps de someil léger et une diminution du sommeil profond chez des personnes soumises à un champ électromagnétique (comme celui émis par les téléphones portables) avant le coucher. Mais elles ne sont pas assez étendures pour distinguer clairement l’effet de ce champ du simple stress lié à l’expérience. Récemment, l’université de médecine de Berlin a étudié le sommeil de 397 personnes vivant à proximité de stations de téléphonie mobile. Pendant douze jours, à leur insu, ces antennes ont été activées ou coupées aléatoirement. Aucune différence n’est apparue dans leur sommeil. Mais ‘’les stations en tant que telels peuvent avoir un impact subjectif négatif sur la qualité du sommeil’’, concluent les chercheurs.
Le cas de personnes dites hypersensibles aux champs électromagnétiques demeure un mystère pour la médecine qui, tout en reconnaissant la  realité de leurs symptomes, ne parvient toutefois pas encore à les expliquer.
Réf : science & vie, N°1128, septembre 2011, page 124

lundi 7 novembre 2011

Le sommeil en 16 questions (partie 1)


Nous consacrons, chaque jour, plus ou moins un tiers de notre temps à dormir. De cette activité vitale dépend notre capacité à faire face à la journée qui vient. Une mauvaise nuit peut etre catastrophique : la somnolence est, en France, la cause d’un accident autoroutier sur trois. Selon la récente étude de l’institut national du sommeil et de la vigilance, elle touche 19% des Français de 18 à 60 ans, près d’un tiers d’entre eux piquent du nez dans la journée sans pouvoir résister. Principales causes de cet état, notamment : des nuits trop courtes et des horaires décalés. Un véritable danger sur la route, donc, mais aussi pour la santé physique (trouvles du métabolisme) autant que psychologique (trouble de l’humeur)… globalement, la France dort assez mal : un quart de sa population se dit concerné par les troubles du sommeil (17% souffrent d’insomnie), et un tiers dort moins de six heurs par nuit (la sieste permettant d’obtenir un temps de sommeil journalier satisfaisant pour 13% d’entre nous, en semaine, et 26% le week-end).
Les paragraphes qui suivent visent à vous aider à retrouver un sommeil paisible et réparateur. Nous les avons conçues à la fois pratiques et informées, grace à l’éclairage des scientifiques qui ne cessent de progresser dans leur compréhension du sommeil et de ses troubles. Bonne lecture… et bonnes nuits !
Comment connaitre son rythme biologique ?
Pour déterminer son propre rythme naturel de sommeil, les spécialistes conseillent de profiter des vacances : pendant une ou plusieurs semaines, couchez-vous  au moment ou vous en ressentez le besoin et faites de meme pour les heures de lever, consignez vos heures de coucher et de lever dans un carnet. Pour connaitre la durée moyenne de vos cycles de sommeil, notez de la meme façon les heures auxquelles vous vous réveillez pendant la nuit et la durée de vos siestes. Une fois les vacances finies, et si votre activité professionnelle vous le permet, adaptez alors votre heure de réveil et votre emploi du temps à votre rythme naturel.
La grasse matinée n’a-t-elle que des effets bébéfiques ?
Au terme d’une longue semaine de travail, après une soirée tardive ou une nuit d’isomnie, la tentation de la grasse matinée s’impose. Y succomber a bien sur des effets bénéfiques. Comme l’a montré une étude américaine publiée en 2010, une nuit de dix heures suffit en effet à rattraper la ‘’dette’’ d’une semaine de manque de sommeil, une nuit blanche demande toutefois deux nuits prolongées, voire plus, pour récupérer. Mais attention au décalage du rythme de vie qui peut alors, par la suite, perturber le sommeil. Enfin, dormir trop – comme dormir trop – augmente le risque de maladies cardio-vasculaires.
A quelle heure s’endort-on le plus facilement ?
Notre organisme suit un rythme biologique (dit circadien) d’envirion vingt-quatre heures, au cours duquel certaines périodes sont plus favorables à l’endormissement. Elles surviennent quand baisse la température corporelle, entre 22 et 23 heures, et vers 13 heures. L’absence de lumière favorise aussi la sécrétion de mélatonine, une hormone impliquée dans le processus d’endormissement. C’est pourquoi il est recommandé de dormir dans le noir. La fin de la matinée et la de l’après-midi, moments ou la température corporelle est à son maximum, sont, eux, les moins propices à l’endormissement.
Pourquoi faut-il éviter de regarder la télé le soir ?
Parce qu’elle a un effet direct sur l’endormissement ! ‘’l’exposition à la lumière artificielle des écrans avant le coucher inhibe la sécrétion de mélatonine, hormone promouvant le sommeil, augmente l’état de veille et perturbe le cycle naturel circadien d’environ une heure, ce qui rend l’endormissement plus difficile’’, explique Charles Czeisle, de la Harvard Medical School, rapporteur en 2011 de l’étude ‘’Sleep in America’’.
Il faudrait donc éviter les écrans dans l’heure précédant le coucher. Et ne pas les placer dans la chambre : les spécialistes insistent sur le fait que cette pièce doit etre réservée au sommeil – exclusion faite des relations sexuelles. Quant à la lecture, les avis divergent : elle serait favorable au sommeil… à moins que l’envie de connaitre la fin de l’histoire ne tienne éveillé uen bonne partie de la nuit !
Réf : science & vie, N°1128, septembre 2011, page 124

dimanche 16 octobre 2011

Chute de cheveux : gare à la chute de moral !


Tel Samson, les hommes semblent perdre de leur aplomb en même temps que leurs cheveux. Telle est la conclusion d'une étude menée chez ces messieurs. Devenir chauve a un impact direct sur l'estime de soi ! Cela nuirait même au pouvoir de séduction. Mais cette perte de confiance n'est pas inéluctable ! A lire pour coiffer au poteau la morosité et caresser votre moi dans le sens du poil.
Quel homme n'est pas inquiet de voir ses cheveux disparaître au fil des ans ? Mais ce souci esthétique a un impact plus important qu'on ne le croit…
Une perte difficile à vivre…
Récemment, un sondage de l'institut Gallup pour les laboratoires MSD s'est intéressé au ressenti des hommes qui devaient affronter une perte de cheveux. Et apparemment, ces Messieurs vivent très mal  ce phénomène! Ainsi, ils sont plus de 62 % à considérer que l'alopécie affecte l'estime de soi. Ils ont d'ailleurs le sentiment d'être moins sûrs d'eux que ceux qui n'ont pas de problèmes capillaires. Tel Samson, beaucoup d'hommes tirent ainsi leur force psychologique de leur chevelure…
Séduire à tout prix
Cette perte de cheveux semble également affecter leur vie sentimentale. En effet, les européens victimes d'alopécie sont 7 sur 10 à considérer que leurs cheveux constituent une part importante de leur pouvoir de séduction ! D'ailleurs, c'est également la crainte principale de tout ceux qui ne sont pas concernés par le problème. Ceux-ci sont 71 % à penser que cela diminuerait leur attractivité envers la gent féminine. Un homme sur trois pense que ceux qui ont une belle chevelure attirent des femmes beaucoup plus séduisante. Mais le sondage n'a malheureusement pas interrogé les femmes sur le sujet… Difficile ainsi de savoir si cette crainte est réellement justifiée !
Des réponses variées !
Pour faire face à la chute de cheveux, les hommes ont recours à des subterfuges parfois surprenants. Le stratagème classique consiste à adopter une coupe courte, où même à se raser la tête, à l'image de nombreuses stars du football ou de la chanson. Certains optent pour le couvre-chef : chapeau ou casquette. Le béret fait même un retour en force ! Mais plus surprenant, face à la chute de cheveux, de nombreux hommes décident de faire… du sport ! Certainement, le fait de devenir chauve leur apparaît comme un signe de vieillissement. Aussi, décident-ils de donner à leur corps une seconde jeunesse, afin de contrebalancer la perte capillaire par un gain musculaire !
Arrêtez de couper les cheveux en quatre
Messieurs, si vous commencez à perdre vos cheveux, commencez par relativiser et vous interroger sur la cause réelle de vos inquiétudes : prendre de l'âge, avoir l'impression de moins plaire… Car vos cheveux peuvent être un facteur qui va finalement vous permettre d'exprimer des angoisses plus importantes.
Et ce n'est pas forcément en résolvant votre problème capillaire que vous solutionnerez un mal-être dont les racines peuvent être plus profondes ! Et relativisez les diktats et autres canons de beauté de notre société. Car s'il est important de prendre soin de soi, gare à ne pas tomber dans un excès narcissique nocif. Courir après votre jeunesse est voué à l'échec ! La première mesure pour retrouver l'estime de soi, et être sûr de son pouvoir de séduction, c'est d'accepter son corps et les changements qu'il rencontre.
Néanmoins, si vous avez du mal à compter les morts chaque matin sur votre peigne, vous pouvez faire appel à des spécialistes. En effet, votre médecin ou votre pharmacien peuvent vous conseiller des traitements adaptés, qui peuvent prévenir la chute ou limiter la casse, et vous faire retrouver un moral au poil !
Alain Sousa, doctissimo.fr

samedi 15 octobre 2011

Des cellules nasales soignent une amnésie !


Des souris ‘’amnésiques’’ recouvrent la mémoire grâce à une greffe de cellules souches… nasales : c’est l’étonnant résultat obtenu par des chercheurs des universités d’Aix-Marseille, ces souris souffraient d’une lésion de l’hippocampe (centre de la mémoire) qui les empêchait de retenir la place d’un objet ou d’associer une récompense à une odeur, ‘’cette lésion mime partiellement le syndrome amnésique humain’’, indique l’un des chercheurs, Emmanuel Nivet.
Les neurobiologistes ont transplanté des cellules souches olfactives humaines soit dans le cerveau, soit dans le liquide céphalorachidien (fluide dans lequel baigne le cerveau), ‘’cette dernière méthode permet de tester une greffe peu invasive. Nous sommes les premiers à démontrer qu’elle est aussi efficace qu’une greffe dans le cerveau. ‘’quatre semaines après les souris greffées obtenaient les memes résultats que les souris saines.
Les cellules implantées ont migré vers l’hippocampe ou elles ont restauré la transmission synaptique (communication chimique entre neurones) et stimulé la potentialisation à long terme (un mécanisme de base de la mémorisation, présent aussi chez l’homme) ‘’un essai clinique d’autogreffe de cellules nasales peut à présent etre envisagé chez des patients’’, se réjouit Emmanuel Nivet.
Réf : science & vie, N° 1128, septembre 2011, page 36

Cerveau : vivre en ville perturbe son fonctionnement


Le lien biologique entre le risque de troubles mentaux et le lieu de vie a enfin été observé : soumises à un stress, deux régions cérébrales sont plus actives…chez les citadins !
Pour la première fois, les conséquences de la vie urbaine sur le fonctionnement cérébral ont été décrites au niveau biologique. On savait que l’incidence des troubles mentaux était plus grande en ville : les personnes ayant grandi en zone urbaine ont en effet deux fois plus de risques de développer une schizophrénie au cours de leur vie, et les élevé d’être touchés par de troubles de l’anxiété ou de l’humeur. Mais jusqu’à présent, les bases biologiques de ces effets, qui concernent la santé mentale de plus de la moitié de la population mondiale, restaient inconnues.
C’était sans compter les travaux des chercheurs de la faculté de médecine de Mannheim, en Allemagne. Ils viennent de montrer que la vie en ville altère la réponse au stress de deux aires du cerveau. Ainsi, l’amygdale et le cortex cingulaire antérieur sont respectivement plus fortement activés chez les sujets vivant ou ayant grandi dans des zones à forte densité de population. La connexion fonctionnelle entre ces eux régions du cerveau est, de plus, diminuée chez les personnes qui ont grandi en ville, or, l’amygdale est impliquée dans des troubles de l’anxiété et des dépressions, tandis qu’un volume réduit du cortex cingulaire antérieur et une moins bonne connexion fonctionnelle de celui-ci à l’amygdale ont été observés chez des schizophrènes. L’altération de la réponse au stress de ces aires cérébrales semble donc être une bonne piste pour expliquer, au moins en partie, l’incidence élevée des maladies mentales en ville.
Les chercheurs doivent leur découverte à 55 étudiants des villes et campagnes allemandes, qui ont accepté de participer, sans le savoir, à un jeu… un peu sadique ! Car pour engendrer un stress chez ces sujets d’étude, l’équipe d’Andreas Meyer-Lindenberg a du leur faire passer, sous une forte pression de temps, des tests d’évaluation cognitive suffisamment difficiles pour que le taux de réussite de chacun ne dépasse pas 40 %.
Premier facteur, le stress
L’activité cérébrale des volontaires, confrontés en permanence à leurs mauvais résultats et aux critiques négatives des expérimentateurs, était dans le meme temps examinée par IRM fonctionnelle, cette expérience, si elle a permis de révéler les conséquences de la vie urbaine sur le cerveau, n’en dévoile cependant pas les mécanismes. Les chercheurs privilégient l’hypothèse selon laquelle le niveau plus élevé de stress en zone urbaine est responsable de l’altération à long terme du fonctionnement des aires cérébrales impliquées dans la réaction à ce stress. Mais il n’est pas exclu que d’autres facteurs, tels que la pollution ou le bruit, entrent en jeu, en attendant de mieux comprendre les phénomènes biologiques à l’œuvre, cette découverte présente déjà un intérêt certain, explique Andreas Meyer-Lindenberg : « maintenant que nous avons trouvé la signature cérébrale des effets de la ville sur la santé mentale, nous pourrons déterminer exactement quel aspect de l’expérience urbaine est néfaste. Ca qui pourrait, à l’avenir, aider à mieux organiser les villes. » Une bonne nouvelle pour les 6 milliards de citadins attendus à l’horizon 2050.  
Réf : science & vie, N°1128, septembre 2011, page 40-41

mardi 4 octobre 2011

L’action inattendue du bisphénol A sur l’oreille interne de certains vertébrés


Le bisphénol A, dont l’impact sur la reproduction et le développement fait l’objet de nombreuses études, aurait un nouvel effet complètement insoupçonné : il induit des anomalies sur l’oreille interne d’embryons de certains vertébrés.
Le bisphénol A est un composé chimique de synthèse largement utilisé dans la fabrication industrielle des récipients en plastique de type polycarbonates, tels les CD, les lunettes, certaines bouteilles plastiques ou certains biberons. On le retrouve également dans les résines époxy constituant les revêtements intérieurs des boites de conserve, les canettes de boissons ou les amalgames dentaires. Or, cette molécule peut modifier les équilibres hormonaux des vertébrés, en interagissant directement avec les récepteurs hormonaux ou bien avec les enzymes qui assurent le métabolisme de ces hormones : c’est un perturbateur endocrinien.
En effet, le BPA est capable de se lier aux récepteurs des œstrogènes, les hormones sexuelles féminines, et de mimer leur action dans l’organisme. C’est pourquoi il est aujourd’hui classé reprotoxine de catégorie 3, c'est-à-dire jugé ‘’préoccupant pour la fertilité de l’espèce humain’’ en raison ‘’d’effets toxiques possibles’’ mais non démontrés sur la reproduction. Les évaluations de risque ont conduit à définir une dose journalière tolérable (DJT) de 50 µg de BPA par kg de poids corporel et par jour, soit 2,5 mg par jour pour un individu de 50 kg. Jusqu’à présent, la plupart des études menées pour caractériser et évaluer ses effets dans le corps humain ont concerné la fonction de reproduction et le développement du cerveau.
Des chercheurs français (CNRS/INSERM/MNHN/INRA) se sont intéressés à l’effet de ce composé sur le développement embryonnaire. Pour cela, ils ont exposé des œufs de poissons zèbre (un organisme assez proche de l’homme et de la souris) à des concentrations de plus en plus importantes de BPA (de 1 mg/L à 20 mg/L). et le résultat n’a pas manqué de les surprendre : la plupart des embryons de poissons zèbre ont, après exposition au BPA, présenté des anomalies au niveau des otolithes, de petites structures de l’oreille interne qui servent à contrôler l’équilibre et jouent aussi un rôle dans l’audition. Pour 60 % des embryons, des agrégats d’otolithes se sont formés. D’autre anomalies de l’oreille interne, moins fréquentes, ont également été relevées. Au-delà d’une concentration de 15 mg/L, tous les poissons zèbre ont développé des anomalies. Mais, cette dose correspond à une exposition très aigue, bien plus élevée que la gamme d’exposition possible de l’être humain.
Allant plus loin, les scientifiques ont renouvelé leur expérience sur un autre vertébré de la famille des amphibiens, le xénope, avec les mêmes résultats. De plus, les chercheurs ont constaté qu’en bloquant les récepteurs des œstrogènes, la cible classique du bisphénol A, ces anomalies persistaient, supposant que le BPA se fixerait sur un autre récepteur. Ce nouvel effet serait donc totalement indépendant des récepteurs des œstrogènes.
Ces travaux démontrent clairement qu’outre ses effets reprotoxiques, le bisphénol A, à des doses assez élevées. Agit aussi sur le développement embryonnaire. Ils révèlent également que les cibles d’action de ce composé sont plus nombreuses que ce que l’on pensait jusqu’à présent.
Réf : science magazine, N° 31, septembre 2011,  page 20,

Salmonella dans le tube digestif du porc à l’abattage


Cet article présente une étude portant sur le portage de Salmonella chez les porcs à l’engrais et ses conséquences sur la contamination des carcasses. Vingt porcs en finition ont été suivis afin d’évaluer le taux de contamination des matières fécales en Salmonella. Aucun échantillon ne s’est révélé positif mais, à l’abattage, l’analyse des amygdales et de certaines parties du tube digestif (ganglions mésentériques, iléon et contenu de la partie terminale du côlon) a établi que 70 % des porcs étaient contaminés sur la chaîne d’abattage.
Les souches isolées dans le contenu du côlon et dans les amygdales étaient souvent du même sérotype, ce qui pourrait indiquer une contamination orale in vivo à partir des matières fécales, des contaminations croisées à l’abattoir ou un portage des mêmes souches dans plusieurs organes. Les ganglions mésentériques positifs (40 %) sont contaminés par des souches différentes de celles des matières fécales et des amygdales.
Des Salmonella n’ont été retrouvées que sur une seule carcasse. Une étude complémentaire a permis de mettre en évidence le rôle de l’épileuse en tant qu’agent de contamination des porcs. Cette dernière peut contaminer les cavités buccales et anales des porcs.
Cette étude complète démontre le risque de contamination à l’abattoir à partir des analyses de matières fécales lors de l’engraissement.

Les plantes et les systèmes de régulation


La technique la plus ancienne utilisée pour répertorier les plantes médicinales a consisté à identifier la nature et le degré d’efficacité de leurs actions, selon qu’elles ont des propriétés sédatives, antiseptiques ou encore diurétiques. Souvent, les plantes ont une action plus efficace sur une certaine partie du corps que sur une autre. Ci-dessous, quelques exemples illustrent la manière selon laquelle les plantes agissent sur l’organisme.
La peau
Les antiseptiques, tels que le melaleuca (melaneuca alternifolia), désinfectent la peau. Les émollients, ou adoucissants, tels que le souci (calendula officinalis) calment les démangeaisons. Les astringents, comme l’hamamélis (hamamelis virginiana), tendent la peau, les dépuratifs, tels que la bardane (arctium lappa) facilitent l’évacuation des déchets. Les plantes curatives et vulnéraires, comme la brunelle vulgaire (prunella vulgaris) ou la consoude (symphytum officinale), favorisent la guérison des écorchures.
Le système immunitaire
Les immunostimulants, comme l’échinacée (genre echinacea) ou le lapacho (genre tabebuia), aident le système immunitaire  à prévenir les infections.
Le système respiratoire
Les antibiotiques, tels que l’ail (allium sativum), améliorent la capacité de résistance des poumons. Les expectorants, comme l’aunée officinale (inula helenium), stimulent l’évacuation des mucosités. Les émollients, comme la guimauve (althaea officinalis), soulagent les muqueuses. Les spasmolytiques, telle la khella (ammi visnaga) relaxent les bronches.
Les glandes endocrines
Les adaptogènes, tels que le ginseng (panx ginseng), jouent un rôle de fortifiant. Des plantes comme le gattilier (vitex agnus-castus) stimulent la production hormonale, en particulier sexuelle, d’autres comme l’actée à grappes (cimicifuga racemosa), régularisent les règles.
Le système urinaire
Les antiseptiques, tels que le buchu (barosma betulina), désinfectent les conduits urinaires. Les astringents, comme la prele (equisetum arvense), les tendent et les protègent. Les diurétiques, comme le maïs (zea inays), stimulent la production d’urine.
Système musculaire et squelette
Les analgésiques, tels que le jasmin sauvage (gelsemium sempervirens), soulagent la douleur aux articulations. De même, les anti-inflammatoires, comme le saule blanc (salix alba) réduisent les gonflements. Les antispasmodiques, tels que le quinquina (genre cinchona), relâchent la tension musculaire.
Le système nerveux
Les nervins, comme le romarin (rosmarinus officinalis), renforcent le système nerveux. Les relaxants tels que la mélisse (melissa officinalis) le reposent. Les sédatifs, comme le gui (viscum album), modèrent l’activité nerveuse. Les stimulants comme le kola l’augmentent. Les toniques, comme l’avoine (avena sativa), contribuent au bon fonctionnement du système nerveux et augmentent le tonus.
La circulation et le cœur
Les cardiotoniques, comme la sauge (salvia miltiorrhiza), ont des actions variables. Certains ralentissent le rythme du cœur, alors que d’autres l’accélèrent. Les stimulants circulatoires, tels que le piment de Cayenne (capsicum frutescens), améliorent la circulation du sang. Les diaphorétiques, comme le chrysanthème (chrysanthemum morifolium), provoquent la transpiration et abaissent la tension artérielle. Les antispasmodiques, comme la viorne obier (vibumum opulus), réduisent la pression artérielle.
Les organes digestifs
Les antiseptiques, tels que le gingembre (zingiber officinalis), préviennent les infections. Les astringents, bistorte en tête (polygonum bistorta), renforcent la paroi des intestins. Les amers, à l’instar de l’absinthe (artemisia absinthium), stimulent les sécrétions intestinales. Les carminatifs, comme l’acore vrai (acorus calamus), soulagent des douleurs lancinantes.
Les cholagogues, comme l’arbre de neige (chionantus virginicus), améliorent le flux de la bile. Les cholérétiques, tels que l’artichaut (cynara scolymus), stimulent la sécrétion de la bile. Les émollients, tels que le plantain (genre plantago), protègent le système digestif des attaques acides et des irritations. Les hépatiques, comme le buplèvre (bupleurum chinense), protègent le foie. Les laxatifs, comme le séné intestinal. Les stomachiques, comme la cardamome (elettaria cardamomun), stimulent l’estomac.
Réf : Larousse encyclopédie des plantes médicinales,  page 13

Les emballages alimentaires de demain


Les emballages en plastique biodégradable à base d’amidon de maïs restent interdits dans l’alimentation. En y ajoutant de l’argile et des algues vertes, un laboratoire breton entend conquérir le marché de l’emballage alimentaire 100% bio.
Un tiers du poids de nos poubelles provient des emballages. Pour réduire l’impact environnemental de nos déchets. Il est  impératif d’utiliser moins d’emballages pour nos aliments et de préférer les matériaux les plus écologiques. Du coté des industriels, les laboratoires de recherche se penchent sur la question et proposent des options diverses.
Il faut réduire le suremballage, modifier le ratio contenant/contenu, opter pour des emballages bi-matières en réduisant la quantité de plastique et en privilégiant le carton ou encore s’orienter vers des matériaux nouveaux, tels que les bioplastiques de seconde génération, appelés plastiques bio-sourcés, parce que leur source est biologique et non pétrochimique et surtout parce qu’ils sont obtenus à partir de matières premières naturelles renouvelables, issues de coproduits ou de cultures biologiques n’entrant pas en compétition avec des cultures vivrières. Cependant l’exigence de ce nouveau type d’emballage est double, il doit être biodégradable mais aussi compostable. Autrement dit, il ne doit générer aucun produit toxique en se dégradant. Il devra également garantir des propriétés « barrière » pour éviter que l’air ne vienne au contact de l’aliment, ou qu’un gaz contenu dans le produit se diffuse vers l’extérieur.
Les emballages fabriqués à base d’amidon de maïs apparaissent aux caisses des supermarchés, mais ils ne sont pas encore au point. Pas très solides ils laissent passer l’oxygène les rendant impropres à l’utilisation alimentaire. Pour pallier ces problèmes, le laboratoire breton de recherche L2Pic a décidé d’ajouter de l’argile « à travers » l’amidon pour résoudre l’entrée d’oxygène. « Nous voulons faire des matériaux performants, à partir de matériaux qui sont tous naturels : de l’amidon de maïs, un additif qui est de l’argile et, pour que les deux s’entendent bien, un produit à base d’algue » explique Yves Grohens, qui dirige le laboratoire. « Mais c’est un mélange très complexe. Quelle est la molécule active, extraite de l’algue, qui permet de disperser les nano-charges d’argile dans des matériaux plastiques biodégradables. Cela demande une étude scientifique de caractérisation. Et pour voir comment ce nano-composite s’organise, nous devons utiliser des techniques extrêmement puissantes : le synchrotron de Grenoble et le réacteur nucléaire du CEA de Saclay »
Composés à partir de matériaux naturels, ces nouveaux plastiques répondront à une forte demande en emballage « 100% développement naturel ». les emballages intelligents, en gestation au L2Pic, pourraient même aller jusqu’à « changer de couleur pour indiquer que l’aliment est périmé ».
Réf : science magazine, N°31, septembre 2011, page 87

SIDA, un vaccin semble enfin concluant


Vingt-cinq années de recherche sur le vaccin contre le sida commencent enfin à payer. Près de dix-huit mois après l’espoir soulevé par le candidat-vaccin ‘’thai’’ en 2009 (voir S&V n°1106, pa.98), une nouvelle piste très prometteuse vient de démontrer son intérêt… et cette piste est française. Car là ou l’essai thaïlandais recourait à deux concepts anciens qui, même combinés, ne conféraient qu’une protection de 44% en moyenne, ce nouveau candidat est un vaccin de seconde génération, basé sur une compréhension poussée des mécanismes biologiques de l’infection par le VIH, surtout, les premières données, chez cinq macaques femelles, ne suggèrent rien moins qu’une protection de 100% ! ces 100% de protection, même la conceptrice du vaccin, la chercheuse Morgane Bomsel, de l’institut Cochin à Paris, n’osait en rêver.
Jamais de tels résultats n’avaient été observés, même chez le singe. ‘’les cinq femelles vaccinées ont été protégées, alors que les cinq ayant reçu le placebo, un produit ne contenant aucun principe actif, ont été infectées. ‘’C’est que le protocole consistait à exposer plus de 13 fois les muqueuses vaginales à de fortes dose de SHIV, un virus ‘’chimère’’ qui mélange des gènes e l’enveloppe du VIH à ceux du SIV, le virus de l’immunodéficience simien. Pour la première fois donc, un vaccin est parvenu à induire une protection au niveau des muqueuses, portes d’entrée du virus dans l’organisme, dont la biologiste est une des rares spécialistes mondiales. Autre avancée : dans cette étude, il n’y a pas eu besoin que des anticorps circulent dans le sang, alors que leur production était jusqu’alors l’objectif des vaccins précédents… avec une efficacité bien en deçà des résultats escomptés.
Premier test chez la femme
L’histoire démarre il y a quatre ans. Morgane Bomsel identifie au Cambodge, chez des couples sérodifférents et des prostituées, des femmes qui restent séronégatives bien qu’elles soient fréquemment exposés au VIH. Son équipe repère que ces femmes possèdent des anticorps dirigés contre un fragment bien particulier de la protéine gp41 du virus. Ce qui attire leur attention, c’est que ces anticorps semblent protecteurs, alors que la majorité des anticorps habituellement produits lors d’une exposition au virus ou à des fragments du virus ne le sont pas. Ce sont donc des fragments de gp41, très finement caractérisés, que l’équipe a introduits dans son candidat-vaccin, et qui ‘’semblent être une des clés de son efficacité’’, note la chercheuse. Son mode d’administration ? Deux injections intramusculaires et deux administrations par spray nasal. ‘’ Pour induire une réponse au niveau des muqueuses, le candidat-vaccin doit être administré dans une muqueuse. Car il se trouve que chacune d’entre elles est inductrice de l’immunité des autres muqueuses à laquelle elle est reliée par le système lymphatique : les cellules induites dans le nez circulent jusqu’au vagin, ou elles peuvent produire leurs anticorps. L’intramusculaire, elle, booste le système et est aussi reliée au vagin, par une voie encore inconnue’’.
Particulièrement prometteurs, ces résultats laissent malgré tout planer quelques incertitudes. Les essais ont été menés sur des muqueuses ‘’saines’’ ; le nombre d’animaux testés était faible ; et la réponse immune induite par le vaccin n’a pas été vérifiée au-delà de six mois. Par ailleurs, on se rappellera que  de nombreux candidats-vaccins ont déjà été abandonnés au cours des passages du modèle pour singe à l’être humain…
Il n’empêche, une première étude a été menée chez la femme pour vérifier la façon dont le vaccin est toléré (ce qui ne devrait pas poser de problème, car la partie immunisante du vaccin est portée par un vecteur déjà utilisé chez l’être humain), et surtout pour vérifier si les anticorps espérés ont bien été produits. Les premiers résultats semblent particulièrement encourageants, mais ils ne seront toutefois connus précisément qu’au printemps.
 Réf : magazine science & vie, N° 1123, page 42, avril 2011

vendredi 30 septembre 2011

Compléments alimentaires : la grande illusion


Gélules, apports multivitaminés, extraits d'algues ou oligoéléments : les compléments alimentaires séduisent un public de plus en plus large, mais leurs effets semblent parfois aller à l'encontre de l'objectif poursuvi. Les personnes ingérant ces additifs, révèle une étude de l'Université de Taïwan, se sentent protégées contre les maladies et se livrent du même coup à divers comportements dangereux ou malsains, négligeant les règles élémentaires de prudence.
Le psychologue Wen-Bin Chiou a offert à 41 Taïwanais de consommer un mélange diététique présenté comme un concentré multivitaminé, énergisant et revitalisant. Il s'agissait en réalité d'un placebo. Comme groupe témoin, 41 autres participants ont consommé le même placebo, mais présenté pour ce qu'il était : une substance inactive.
Comparés au groupe témoin, les 41sujets persuadés d'avoir absorbé un complément alimentaire ont déclaré, via des questionnaires, être plus attirés par les soirées arrosées, la prise de stupéfiants, le bronzage à haute dose ou les rapports sexuels non protégés. Ils étaient également moins désireux de faire du vélo, de la course à pied, de la natation ou du yoga.
Les psychologues ont alors proposé à leurs sujets un questionnaire dit d'invulnérabilité, composé de questions telles que : « Rien ne peut me faire de mal », « Les maladies sont pour les autres », etc. Non seulement les personnes pensant avoir pris des compléments alimentaires obtenaient des scores supérieurs à ce questionnaire, mais la note obtenue était directement liée à leur attirance pour les activités dangereuses citées.
D'où la conclusion : les « potions magiques » multivitaminées et autres stimulants entraînent un sentiment d'invulnérabilité qui conduit leurs consommateurs à baisser la garde vis-à-vis des comportements à risque. Voilà qui rappelle les régimes minceur : les personnes qui prennent des produits amaigrissants se sentent parfois autorisées à manger sans restriction.

Bisphénol A : les effets à faibles doses officiellement reconnus



Ce n’est pas le premier avis, loin de là, que l’agence sanitaire française rend sur le bisphénol A, l’un des multiples perturbateurs endocriniens présents dans notre environnement. Cependant les deux rapports publiés aujourd’hui, l’un sur les effets sanitaires l’autre sur les usages du BPA, vont plus loin que les précédents. «Ce travail met en évidence des effets sanitaires, avérés chez l’animal et suspectés chez l’homme, même à de faibles niveaux d’exposition », écrit l’Anses dans son communiqué. Elle considère «disposer de suffisamment d’éléments scientifiques pour identifier d’ores et déjà comme prioritaire la prévention des expositions des populations les plus sensibles que sont les nourrissons, les jeunes enfants, ainsi que les femmes enceintes et allaitantes ».
Il y a quelques mois, tout en reconnaissant l’importance des «signaux d’alerte», l’agence de sécurité sanitaire (1) restait plus prudente. En février 2010 l’Afssa estimait, à l’issue d’une expertise, que «la méthodologie de ces études ne [permettait] pas d'interprétation formelle des données qui remettrait en cause les précédentes évaluations du risque sanitaire ». Tout en insistant sur la nécessité de poursuivre le travail d'expertise sur cette substance utilisée pour fabriquer des plastiques (polycarbonate) et des résines époxydes.
Exposition à petites doses
Elément important, l’Anses reconnait que les effets du bisphénol A mis en évidence par les études se produisent à « des doses notablement inférieures aux doses de référence utilisées à des fins règlementaires ». En clair, il ne suffit plus de se référer aux doses journalières tolérables (DJT) définies par l’agence sanitaire européenne et contre laquelle se battent nombre de toxicologues (lire l'interview d'André Cicolella sur le Nouvelobs.com)
L’EFSA s’accroche à ces limites règlementaires, définies en 2006 pour le BPA. En septembre 2010 elle concluait une fois de plus que ses experts «n’avaient pu identifier aucune nouvelle preuve qui les amènerait à reconsidérer la dose journalière tolérable (DJT) existante pour le BPA». Tout en reconnaissant que des études font état de modifications au stade embryonnaire à cause de l’exposition au BPA, l’agence estimait qu’il y a avait encore trop de lacunes dans les connaissances.
Réduire l’exposition
L’agence sanitaire française va donc plus loin en recommandant de réduire l’exposition aux BPA, en particulier pendant des périodes sensibles comme la grossesse  Plusieurs études suggèrent en effet que l’exposition in utero aux perturbateurs endocriniens aurait des répercussions à long terme sur l’individu (lire Le BPA, un perturbateur de l'équilibre?). Le Canada a interdit le bisphénol A en octobre 2008. Pour l’instant, en France, il n’est interdit que dans les biberons.
L’agence souligne que les denrées alimentaires constituent la source principale d’exposition au BPA, à cause des emballages alimentaires, des revêtements des canettes et des boîtes de conserve, qui contiennent du bisphénol A. L’Anses lance un appel à contribution pour recueillir le plus d’informations possibles sur les produits de substitution au BPA –notamment sur leur innocuité.
La réglementation sur le bisphénol A pourrait donc rapidement évoluer en France. Dès demain, à l'Assemblée nationale, sera présentée en commission des affaires sociales une proposition de loi rédigée par des députés socialistes, menés par Gérad Bapt, "visant à la suspension de la fabrication, de l'importation, de l'exportation et de la mise sur le marché de tout conditionnement à vocation alimentaire contenant du bisphénol A". Cette proposition sera discutée dans l'hémicycle le 6 octobre prochain.

jeudi 29 septembre 2011

De l’encre dans les pâtes


L’UFC-Que choisir s’alarme de la présence d’huiles minérales dans des produits alimentaires.
Les emballages alimentaires nous menacent-ils ? D’après une étude menée par l’association de consommateurs UFC-Que choisir, des dérivés pétroliers présents dans l’encre sur les emballages ont tendance à contaminer les aliments comme les pâtes, le riz, le couscous, la chapelure ou encore le sucre en poudre. Sur les 20 produits testés, deux dépassent même très largement les limites internationales.
Le "couscous graine" de la marque Tipiak contient ainsi 50 fois la dose maximale recommandée en huiles minérales saturées, et la chapelure Leader Price la dépasse dix fois. Douze autres produits présentent quant à eux des niveaux préoccupants. En cause : la présence "d’huiles issues de la chimie pétrolière", a expliqué à Europe1.fr Olivier Andrault, chargé de mission alimentation à l’UFC-Que choisir.
Dommages pour la santé
Des études ont montré que certaines huiles saturées pouvaient ainsi causer chez les animaux des dommages au foie, au cœur, aux ganglions lymphatiques.
Aucune étude n’a pour l’instant été menée sur l’homme, mais l’UFC-Que choisir invoque le "principe de précaution" et demande leur remplacement par des huiles végétales ou certains types d'huiles minérales "avec un faible niveau de migration". Quant aux huiles aromatiques, également utilisées sur les emballages, elles appartiennent à une famille de produits dont certains sont cancérogènes.
Vide réglementaire
"Nous demandons aux pouvoirs publics de se prononcer très vite", a réclamé Olivier Andrault, déplorant le "vide réglementaire" autour de la question. "Ni les autorités nationales, ni les autorités européennes n’ont défini de limite", a-t-il fustigé, rappelant que le seuil fixé par l’instance de l’ONU chargé de l’alimentation, la FAO, et l’Organisation mondiale de la Santé, était non contraignant.
L’association de consommateur n’est pas la première à s’émouvoir de la présence potentielle de ces produits dans les assiettes : la Commission européenne a demandé à son Agence pour la sécurité des aliments de se saisir du problème il y a un an, réclamant une étude sur les dangers pour l’homme.

vendredi 23 septembre 2011

Les aliments enrichis sont-ils utiles ?


Vitamine D, fer, vitamine A, calcium, oméga 3… On ne compte plus les "aliments enrichis en…"  sur le marché. Quels produits ont droit à ces mentions ? Consommer ces aliments est-il un vrai plus ou est-ce inutile ? Les éclairages du Pr Irène Margaritis, chef de l'unité nutrition à l'Anses et du Dr Pascale Modaï, nutritionniste.http://ad.doctissimo.fr/5/www.doctissimo.fr/pages_nutrition/sante_assiette/exclu/L48/72257265/Middle/OasDefault/Middle-blanc/Middle-blanc.html/4b596b356d5535386850594141307236?_RM_EMPTY_&
Dans l'ensemble, nous n'avons pas besoin de consommer des aliments enrichis. Certains se révèlent toutefois intéressants pour des populations particulières susceptibles d'avoir des insuffisances d'apport spécifiques.
Aliments enrichis : une nouvelle réglementation
Un aliment est dit enrichi lorsque des nutriments (vitamines, minéraux) ou autres constituants (omégas 3, ferments lactiques, fibres…) ont été ajoutés au cours de sa transformation. "Depuis l'harmonisation européenne, tous les aliments peuvent être enrichis en vitamines, minéraux ou autres micro-nutriments autorisés" explique le Pr Irène Margaritis, chef de l'unité nutrition à l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses).
"Avant, en France, seuls les aliments diététiques pouvaient être enrichis, ce qui ciblait une certaine population" ajoute-t-elle. Côté réglementation, les formes chimiques autorisées font l'objet d'une liste. "Elles ne doivent pas être toxiques et être bio-disponibles" indique notre experte.  
"Mais cela n'est pas le cœur du problème, le point sensible est la quantité de ces éléments" souligne-elle. En effet, normalement, on enrichit les aliments pour aider les gens en déficit à atteindre les ANC (apports nutritionnels conseillés) ou les BNM (besoins nutritionnels moyens). Comme tout aliment peut être enrichi aujourd'hui, se pose la question des niveaux limites d'enrichissement.
"L'Anses a fait des simulations pour voir jusqu'à ce quel niveau d'enrichissement on peut aller : l'objectif est qu'un consommateur ne dépasse pas les limites de sécurité" explique le Pr Margaritis. D'autant plus que ces aliments enrichis peuvent être cumulés à la prise de compléments alimentaires, plus concentrés.
Ainsi plusieurs spécialistes tirent la sonnette d'alarme concernant les éventuels surdosages en vitamines par exemple. Une dose limite de sécurité  a été fixée pour
certaines vitamines, dose à partir de laquelle la vitamine peut avoir des effets néfastes. Et parfois, la dose de sécurité n'est pas loin de l'apport conseillé.
Ces niveaux maximaux d'enrichissement sont d'ailleurs en train d'être établis en France et en Europe.
Aliments enrichis : inutiles le plus souvent
"La consommation d'aliments enrichis chez une personne qui n'a pas de déficit ne présente pas d'intérêt nutritionnel" assure le Pr Margaritis. Or, d'après le Dr Pascale Modaï "sur le plan médical, les vraies carences ne sont pas si fréquentes que cela", ajoutant que normalement,  "avec une alimentation variée, il n'y a pas de carence".  
Même discours chez le Pr Margaritis : "Si on mange diversifié et équilibré, on n'a dans l'ensemble pas besoin d'aliments enrichis".  Deuxième message à retenir : "avant de penser aux aliments enrichis, il faut déjà se tourner vers des aliments qui sont naturellement sources de…" conseille le Dr Modaï.
Par exemple, si vous avez besoin de calcium, consommez des laitages plutôt que du jus d'orange enrichi en calcium ! N'oubliez pas que "s'il y  a du calcium en plus, cela veut dire qu'il y a des calories en plus" rappelle la nutritionniste.
"Il faut vraiment écarter l'idée que le plus est le mieux : en nutrition, quand on a atteint la quantité optimale qui répond à nos besoins, même si on prend plus, on n'aura rien de plus » souligne de son côté le Pr Margaritis. "Si on remplit un verre d'eau plein, il déborde. C'est pareil pour l'organisme qui reçoit plus de nutriment qu'il ne lui en faut : il le stocke, l'élimine mais ne s'en sert pas" explique-t-elle. C'est comme cela que l'organisme risque de métaboliser trop de vitamines. Ainsi, beaucoup d'aliments sont enrichis en vitamine B12, alors qu'il n'y a  pas de déficit dans la population globale. "C'est aberrant, cela fait un nutriment en surplus dont on n'a pas besoin" déplore le Pr Margaritis. Autre exemple : "si vous consommez toujours des aliments enrichis en zinc, vous risquez d'avoir un déficit en cuivre car ils sont en compétition dans l'intestin" prévient-elle.

Aliments enrichis : intéressants dans certains cas

Il faut donc privilégier une approche individuelle pour les aliments enrichis. Comme le souligne le Pr Margaritis, "on peut avoir une frange de la population qui peut avoir des déficits nutritionnels".  Ils peuvent en effet être observés chez des populations spécifiques pour qui les aliments enrichis peuvent présenter un intérêt.
Les aliments enrichis en vitamine B9 peuvent être utiles pour les femmes en âge de procréer. Tout comme consommer des produits enrichis en vitamine B12 peut être intéressant pour les personnes âgées qui ne mangent pas de viande et sont donc en déficit de cette vitamine.
Un supplément en calcium peut être bénéfique aux adolescents et aux femmes en âge de procréer qui peuvent en manquer. "Les aliments enrichis en fer peuvent aussi être utiles aux femmes qui sont souvent carencées" ajoute le Dr Modaï. Une autre insuffisance d'apport répandue ? Celle en fibres. Là-encore, des céréales enrichies, par exemple, peuvent être intéressantes. Les personnes qui ne mangent pas de poisson pourront consommer des aliments enrichis en iode. Oubliez par contre les aliments enrichis en omégas 3 : "Il faudrait consommer énormément de margarine enrichie pour bénéficier d'un réel apport en omégas 3" explique le Dr Modaï. Sachez tout de même que les aliments enrichis ne sont jamais indispensables ! En effet,  en cas de déficit nutritionnel, un apport suffisant en aliments naturellement riches en nutriment approprié permet de couvrir les besoins.
Dans tous les cas, avant de prendre des aliments enrichis, le mieux est de prendre l'avis d'un professionnel de santé qui saura vous dire si vous êtes à risque d'insuffisance d'apport -en réalisant un bilan alimentaire- et qui pourra éventuellement vous proposer des dosages afin de savoir si vous avez un déficit. Pas la peine de payer plus pour des aliments qui n'ont pas un réel intérêt nutritionnel !

Publié par : Anne-Sophie Glover-Bondeau