mercredi 25 décembre 2013

Le jeûne, une nouvelle thérapie Arte

Le jeûne, une nouvelle thérapie ?

Et s'il existait une alternative au "tout médicament" ? En Russie, en Allemagne et aux États-Unis, médecins et chercheurs étudient les effets étonnants du jeûne sur les patients. Une enquête aussi rigoureuse que troublante.


Dans les pays occidentaux, les cas de diabète, d’hypertension, d’obésité, de cancers se multiplient et la consommation de médicaments explose. Et s'il existait une autre voie thérapeutique ? Depuis un demi-siècle, en Russie, en Allemagne et aux États-Unis, des médecins et des biologistes explorent une autre piste : le jeûne. Réputé pour sa source d'eau chaude, le sanatorium de Goriachinsk, dans la plaine sibérienne, est aussi connu pour son centre de jeûne, créé en 1995. Atteints d'asthme, de diabète, de rhumatisme, d'allergie… les patients, très encadrés, n'ingurgitent rien à part de l'eau durant douze jours en moyenne mais la cure se prolonge parfois trois semaines. Passée la douloureuse crise d'acidose des débuts, ils se sentent plus en forme et les deux tiers voient leurs symptômes disparaître après une ou plusieurs cures. Remboursé, ce traitement s'appuie sur quarante ans d'études scientifiques, malheureusement non traduites, qui ont démarré sous l'ère soviétique. Bien qu'elles soient inconnues hors de Russie, des médecins et chercheurs occidentaux creusent aussi ce sillon, même si, aux pays du médicament-roi, ils bénéficient de peu de subventions.

RÉFLEXE ATAVIQUE

Le documentaire nous emmène aussi en Allemagne, à la clinique Buchinger, sur les rives du lac de Constance, où l'on soigne par le jeûne des maladies chroniques et aux États-Unis, où Valter D. Longo, professeur de biogérontologie à l'université de Californie, étudie les effets du jeûne sur des souris atteintes de cancer. À l'aide d'infographies très claires, le film explique les bouleversements complexes qui s'opèrent dans un organisme à la diète. Grosso modo, il réapprend à vivre de ses réserves, un réflexe atavique qui le purge et le rend plus fort. Aussi efficace que troublante, la démonstration de Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade (Mâles en péril) incite à réévaluer notre approche de la maladie et du soin. À l'instar des malades de Goriachinsk plus confiants après avoir surmonté l'épreuve du jeûne, on se découvre un corps plus résistant qu'on le croyait, une nouvelle plutôt réconfortante.



________________________________
Le jeûne, une nouvelle thérapie ?
Documentaire de Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade
(France, 2011, 56mn)
Coproduction : ARTE France, Via Découvertes Production

Faut-il manger peu le soir ?

Sous prétexte que l’organisme se repose la nuit, certains prétendent qu’il faut dîner léger. Une idée que réfutent ici deux spécialistes.
Les bons principes
1- Alléger son dîner, c’est bon pour l’organisme.
Faux. Parce qu’elles bougent dans la journée et dorment la nuit, de nombreuses personnes préfèrent déjeuner copieusement et dîner légèrement. Or, l’organisme subit un long jeûne entre le repas du soir et le petit déjeuner. De plus, “il continue à brûler des calories pour assurer les fonctions essentielles du corps : le cœur bat, les poumons respirent, le sang circule, le foie fonctionne, le cerveau rêve, rappelle le Dr Jacques Fricker, nutritionniste de l’hôpital Bichat à Paris.
Au final, on brûle plus de calories entre la fin du dîner et le début du petit déjeuner qu’entre le déjeuner et le dîner ! Le repas du soir sera aussi bien digéré et utilisé par l’organisme que celui de midi”. “Il faut impérativement dîner, confirme le Dr Emmanuel Alix, médecin du pôle gériatrie du centre hospitalier du Mans (72). Sans manger lourd, mais équilibré, en veillant à une bonne répartition des apports énergétiques dans la journée : 15 à 20 % le matin, 40 à 50 % le midi et 30 à 40 % le soir.”
2- Il est plus facile de s’endormir lorsque l’on est rassasié.
Vrai. A condition de ne pas absorber trop de graisses, de sucres et de fibres “pour s’assurer un bon confort digestif”, préconise le Dr Alix.
3- On peut manger plus le soir qu’à midi.
Vrai. Le repas de midi est souvent trop léger, pris seul et sur le pouce. Le dîner doit donc être un moment privilégié de détente, de convivialité et de rééquilibrage des apports alimentaires, en tenant compte de son rythme de vie. “Manger plus le soir qu’à la mi-journée n’est néfaste ni pour la santé, ni pour la ligne”, précise le Dr Fricker. “On doit se faire plaisir en se nourrissant et on peut s’autoriser un dîner copieux, pourvu que l’on fasse de l’exercice physique la journée”, estime le Dr Alix.
Ne pas oublier de 1- Il faut éviter de consommer des protéines.
Faux. Un organisme qui avance en âge a besoin de 1,2 g de protéines par kilo de poids corporel et par jour, à raison de 55 % de protéines animales et de 45 % de protéines végétales. “Ce juste apport protidique participe au maintien de la masse musculaire et à l’allongement de l’espérance de vie”, rappelle le Dr Alix. On peut donc manger 100 à 150 g de viande maigre ou de poisson (de préférence sauvage) et des laitages le soir, en sachant que le lait contient des endorphines qui facilitent l’endormissement.
2- Les féculents sont recommandés.
Vrai. “Après 60 ans, les muscles gardent mieux leur tonus lorsque des féculents sont consommés le soir”, explique le Dr Fricker. “Leurs sucres lents sont assimilés tout au long de la nuit et évitent à l’organisme de puiser dans ses réserves, surtout s’il en a peu, ajoute le Dr Alix. Et ils aident à prévenir l’hypoglycémie, les cauchemars, les réveils nocturnes.”
3- Mieux vaut ne pas boire d’eau.

Faux. “Bien boire avant de s’endormir facilite l’assimilation des aliments et évite d’avoir la bouche pâteuse au réveil, insiste le Dr Alix. Tant pis si on doit se lever la nuit pour faire pipi !”
4- Les règles d’or du dîner
- Éviter les aliments gras (fritures) et sucrés, l’alcool et les excitants (thé, café, cola).
- Ne pas faire l’impasse sur les protéines dont les apports doivent augmenter avec l’âge.
- Ne pas négliger les féculents (céréales, pain, pâtes, pommes de terre, riz).
- Consommer des fruits et des légumes de façon systématique.
- Boire suffisamment.
Bénédicte Tabone et Jacques Huguenin