samedi 11 août 2012

La maltraitance a un impact sur le développement du cerveau

La maltraitance a un impact sur le développement du cerveau, suggère une étude publiée dans Neuropsychopharmacology. Les adolescents ayant souffert d'abus ou de violences dans l'enfance présentent des altérations qui sont liées au développement subséquent de troubles psychiatriques.

Hao Huang de l'Université du Texas et Uma Rao du Meharry Medical College ont comparé, au moyen de l'imagerie par résonance magnétique DTI (diffusion tensor imaging), les faisceaux de matière blanche chez 19 adolescents ayant été victimes d'abus physique et/ou sexuel ou été témoins de violence domestique durant l’enfance et de 13 adolescents n'ayant pas connu de maltraitance. Ils ont été suivis à intervalles de 6 mois durant 5 ans.

Les adolescents exposés à la maltraitance présentaient des perturbations de la matière blanche dans certaines régions du cerveau telles que l’hippocampe. La matière blanche est constituée de fibres nerveuses qui transmettent les informations entre les cellules nerveuses (alors que la matière grise est constituée des corps cellulaires).

Un lien entre ces perturbations et le développement subséquent d'une dépression majeure ou d'une toxicomanie a été constaté pendant le suivi de 5 ans, suggérant que ces perturbations peuvent représenter une vulnérabilité accrue aux troubles mentaux. Ces changements cérébraux sont attribués notamment à des modifications des niveaux d'hormones telles que les hormones de stress.

Plusieurs études ont montré que les traumatismes, surtout dans l'enfance, sont associés, plus tard dans la vie, à des réactions plus fortes aux situations stressantes. Une étude, publiée en 2007, montrait que les traumatismes changeaient les niveaux ultérieurs de l'hormone cortisol. Ces changements étaient liés à une réactivité plus grande aux stress.

Une autre, publiée en 2009, montrait que les traumatismes dans l'enfance étaient liés à des altérations d'un gène contrôlant un récepteur impliqué dans la réponse au stress.

Une étude publiée en 2011 montrait aussi que les personnes ayant subi des traumatismes relationnels dans l'enfance étaient plus susceptibles de développer une dépression en réaction à des stress interpersonnels plus tard dans la vie.

Alzheimer: un médicament anti-épileptique pourrait améliorer la mémoire

Le lévétiracétam (Keppra, Levetrol), un médicament anti-épileptique (anticonvulsivant) déjà sur le marché, pourrait améliorer les symptômes de la maladie d'Alzheimer, selon une étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS). Ce que ne fait aucun médicament autorisé actuellement pour le traitement de la maladie, soulignent les chercheurs.

Le médicament renversait les pertes de mémoires et d'autres symptômes cognitifs chez des souris génétiquement modifiées pour développer la maladie. Une étude publiée il y a quelques mois, menée par des chercheurs de l'université John-Hopkins, a aussi montré une efficacité de ce médicament chez des personnes atteintes d'un déficit cognitif léger qui évolue souvent vers une maladie d'Alzheimer.

Des études précédentes de l'équipe de chercheurs avaient suggéré des liens entre la maladie d'Alzheimer et l'épilepsie. L'Alzheimer est lié à des perturbations de l'activité électrique de réseaux cérébraux qui escaladent parfois en crise d'épilepsie. Les chercheurs ont voulu vérifier si des médicaments minimisant ces perturbations pouvaient améliorer la mémoire.

Lennart Mucke et Pascal Sanchez du Gladstone Institutes de l'Université de Californie à San Francisco et leurs collègues ont testé sept anticonvulsivants chez des souris produisant une protéine amyloïde anormale. L'accumulation sous forme de plaques de cette protéine est une caractéristique de la maladie dont la causalité est matière à débat. Des médicaments en cours de développement visent à détruire ces plaques ou les empêcher de se former.

Quelques heures après une injection, les altérations de l'activité électrique étaient diminuées de plus de 50 % par le lévétiracétam. Après deux semaines de traitement, la communication entre les cellules nerveuses était améliorée et les souris présentaient de meilleures capacités apprentissage et de mémoire dans un test du labyrinthe. Et, les niveaux de plusieurs protéines importantes pour le fonctionnement sain du cerveau étaient normalisés.

Les autres anti-épileptiques n'ont pas entraîné d'amélioration, ce qui indique que le lévétiracétam a une activité spécifique, dont le mécanisme n'est pas encore identifié. Le lévétiracétam est l'un des anticonvulsivants qui a le moins d'effets secondaires, soulignent les chercheurs.

Ces derniers incitent toutefois à la prudence devant ces résultats, rappelant que bien des molécules efficaces chez l'animal se sont révélées inefficaces ou toxiques chez l'humain. "Jusqu'à ce que des essais plus importants chez l'homme aient été achevés, nous mettons en garde contre toute utilisation off-label (hors autorisation de mise sur le marché) du lévétiracétam", dit Mucke. Mais la cohérence de ces résultats et de ceux de l'équipe de John-Hopkins devrait inciter à mener des essais cliniques plus poussés, estiment-ils.