samedi 15 octobre 2011

Des cellules nasales soignent une amnésie !


Des souris ‘’amnésiques’’ recouvrent la mémoire grâce à une greffe de cellules souches… nasales : c’est l’étonnant résultat obtenu par des chercheurs des universités d’Aix-Marseille, ces souris souffraient d’une lésion de l’hippocampe (centre de la mémoire) qui les empêchait de retenir la place d’un objet ou d’associer une récompense à une odeur, ‘’cette lésion mime partiellement le syndrome amnésique humain’’, indique l’un des chercheurs, Emmanuel Nivet.
Les neurobiologistes ont transplanté des cellules souches olfactives humaines soit dans le cerveau, soit dans le liquide céphalorachidien (fluide dans lequel baigne le cerveau), ‘’cette dernière méthode permet de tester une greffe peu invasive. Nous sommes les premiers à démontrer qu’elle est aussi efficace qu’une greffe dans le cerveau. ‘’quatre semaines après les souris greffées obtenaient les memes résultats que les souris saines.
Les cellules implantées ont migré vers l’hippocampe ou elles ont restauré la transmission synaptique (communication chimique entre neurones) et stimulé la potentialisation à long terme (un mécanisme de base de la mémorisation, présent aussi chez l’homme) ‘’un essai clinique d’autogreffe de cellules nasales peut à présent etre envisagé chez des patients’’, se réjouit Emmanuel Nivet.
Réf : science & vie, N° 1128, septembre 2011, page 36

Cerveau : vivre en ville perturbe son fonctionnement


Le lien biologique entre le risque de troubles mentaux et le lieu de vie a enfin été observé : soumises à un stress, deux régions cérébrales sont plus actives…chez les citadins !
Pour la première fois, les conséquences de la vie urbaine sur le fonctionnement cérébral ont été décrites au niveau biologique. On savait que l’incidence des troubles mentaux était plus grande en ville : les personnes ayant grandi en zone urbaine ont en effet deux fois plus de risques de développer une schizophrénie au cours de leur vie, et les élevé d’être touchés par de troubles de l’anxiété ou de l’humeur. Mais jusqu’à présent, les bases biologiques de ces effets, qui concernent la santé mentale de plus de la moitié de la population mondiale, restaient inconnues.
C’était sans compter les travaux des chercheurs de la faculté de médecine de Mannheim, en Allemagne. Ils viennent de montrer que la vie en ville altère la réponse au stress de deux aires du cerveau. Ainsi, l’amygdale et le cortex cingulaire antérieur sont respectivement plus fortement activés chez les sujets vivant ou ayant grandi dans des zones à forte densité de population. La connexion fonctionnelle entre ces eux régions du cerveau est, de plus, diminuée chez les personnes qui ont grandi en ville, or, l’amygdale est impliquée dans des troubles de l’anxiété et des dépressions, tandis qu’un volume réduit du cortex cingulaire antérieur et une moins bonne connexion fonctionnelle de celui-ci à l’amygdale ont été observés chez des schizophrènes. L’altération de la réponse au stress de ces aires cérébrales semble donc être une bonne piste pour expliquer, au moins en partie, l’incidence élevée des maladies mentales en ville.
Les chercheurs doivent leur découverte à 55 étudiants des villes et campagnes allemandes, qui ont accepté de participer, sans le savoir, à un jeu… un peu sadique ! Car pour engendrer un stress chez ces sujets d’étude, l’équipe d’Andreas Meyer-Lindenberg a du leur faire passer, sous une forte pression de temps, des tests d’évaluation cognitive suffisamment difficiles pour que le taux de réussite de chacun ne dépasse pas 40 %.
Premier facteur, le stress
L’activité cérébrale des volontaires, confrontés en permanence à leurs mauvais résultats et aux critiques négatives des expérimentateurs, était dans le meme temps examinée par IRM fonctionnelle, cette expérience, si elle a permis de révéler les conséquences de la vie urbaine sur le cerveau, n’en dévoile cependant pas les mécanismes. Les chercheurs privilégient l’hypothèse selon laquelle le niveau plus élevé de stress en zone urbaine est responsable de l’altération à long terme du fonctionnement des aires cérébrales impliquées dans la réaction à ce stress. Mais il n’est pas exclu que d’autres facteurs, tels que la pollution ou le bruit, entrent en jeu, en attendant de mieux comprendre les phénomènes biologiques à l’œuvre, cette découverte présente déjà un intérêt certain, explique Andreas Meyer-Lindenberg : « maintenant que nous avons trouvé la signature cérébrale des effets de la ville sur la santé mentale, nous pourrons déterminer exactement quel aspect de l’expérience urbaine est néfaste. Ca qui pourrait, à l’avenir, aider à mieux organiser les villes. » Une bonne nouvelle pour les 6 milliards de citadins attendus à l’horizon 2050.  
Réf : science & vie, N°1128, septembre 2011, page 40-41