vendredi 23 septembre 2011

Les aliments enrichis sont-ils utiles ?


Vitamine D, fer, vitamine A, calcium, oméga 3… On ne compte plus les "aliments enrichis en…"  sur le marché. Quels produits ont droit à ces mentions ? Consommer ces aliments est-il un vrai plus ou est-ce inutile ? Les éclairages du Pr Irène Margaritis, chef de l'unité nutrition à l'Anses et du Dr Pascale Modaï, nutritionniste.http://ad.doctissimo.fr/5/www.doctissimo.fr/pages_nutrition/sante_assiette/exclu/L48/72257265/Middle/OasDefault/Middle-blanc/Middle-blanc.html/4b596b356d5535386850594141307236?_RM_EMPTY_&
Dans l'ensemble, nous n'avons pas besoin de consommer des aliments enrichis. Certains se révèlent toutefois intéressants pour des populations particulières susceptibles d'avoir des insuffisances d'apport spécifiques.
Aliments enrichis : une nouvelle réglementation
Un aliment est dit enrichi lorsque des nutriments (vitamines, minéraux) ou autres constituants (omégas 3, ferments lactiques, fibres…) ont été ajoutés au cours de sa transformation. "Depuis l'harmonisation européenne, tous les aliments peuvent être enrichis en vitamines, minéraux ou autres micro-nutriments autorisés" explique le Pr Irène Margaritis, chef de l'unité nutrition à l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses).
"Avant, en France, seuls les aliments diététiques pouvaient être enrichis, ce qui ciblait une certaine population" ajoute-t-elle. Côté réglementation, les formes chimiques autorisées font l'objet d'une liste. "Elles ne doivent pas être toxiques et être bio-disponibles" indique notre experte.  
"Mais cela n'est pas le cœur du problème, le point sensible est la quantité de ces éléments" souligne-elle. En effet, normalement, on enrichit les aliments pour aider les gens en déficit à atteindre les ANC (apports nutritionnels conseillés) ou les BNM (besoins nutritionnels moyens). Comme tout aliment peut être enrichi aujourd'hui, se pose la question des niveaux limites d'enrichissement.
"L'Anses a fait des simulations pour voir jusqu'à ce quel niveau d'enrichissement on peut aller : l'objectif est qu'un consommateur ne dépasse pas les limites de sécurité" explique le Pr Margaritis. D'autant plus que ces aliments enrichis peuvent être cumulés à la prise de compléments alimentaires, plus concentrés.
Ainsi plusieurs spécialistes tirent la sonnette d'alarme concernant les éventuels surdosages en vitamines par exemple. Une dose limite de sécurité  a été fixée pour
certaines vitamines, dose à partir de laquelle la vitamine peut avoir des effets néfastes. Et parfois, la dose de sécurité n'est pas loin de l'apport conseillé.
Ces niveaux maximaux d'enrichissement sont d'ailleurs en train d'être établis en France et en Europe.
Aliments enrichis : inutiles le plus souvent
"La consommation d'aliments enrichis chez une personne qui n'a pas de déficit ne présente pas d'intérêt nutritionnel" assure le Pr Margaritis. Or, d'après le Dr Pascale Modaï "sur le plan médical, les vraies carences ne sont pas si fréquentes que cela", ajoutant que normalement,  "avec une alimentation variée, il n'y a pas de carence".  
Même discours chez le Pr Margaritis : "Si on mange diversifié et équilibré, on n'a dans l'ensemble pas besoin d'aliments enrichis".  Deuxième message à retenir : "avant de penser aux aliments enrichis, il faut déjà se tourner vers des aliments qui sont naturellement sources de…" conseille le Dr Modaï.
Par exemple, si vous avez besoin de calcium, consommez des laitages plutôt que du jus d'orange enrichi en calcium ! N'oubliez pas que "s'il y  a du calcium en plus, cela veut dire qu'il y a des calories en plus" rappelle la nutritionniste.
"Il faut vraiment écarter l'idée que le plus est le mieux : en nutrition, quand on a atteint la quantité optimale qui répond à nos besoins, même si on prend plus, on n'aura rien de plus » souligne de son côté le Pr Margaritis. "Si on remplit un verre d'eau plein, il déborde. C'est pareil pour l'organisme qui reçoit plus de nutriment qu'il ne lui en faut : il le stocke, l'élimine mais ne s'en sert pas" explique-t-elle. C'est comme cela que l'organisme risque de métaboliser trop de vitamines. Ainsi, beaucoup d'aliments sont enrichis en vitamine B12, alors qu'il n'y a  pas de déficit dans la population globale. "C'est aberrant, cela fait un nutriment en surplus dont on n'a pas besoin" déplore le Pr Margaritis. Autre exemple : "si vous consommez toujours des aliments enrichis en zinc, vous risquez d'avoir un déficit en cuivre car ils sont en compétition dans l'intestin" prévient-elle.

Aliments enrichis : intéressants dans certains cas

Il faut donc privilégier une approche individuelle pour les aliments enrichis. Comme le souligne le Pr Margaritis, "on peut avoir une frange de la population qui peut avoir des déficits nutritionnels".  Ils peuvent en effet être observés chez des populations spécifiques pour qui les aliments enrichis peuvent présenter un intérêt.
Les aliments enrichis en vitamine B9 peuvent être utiles pour les femmes en âge de procréer. Tout comme consommer des produits enrichis en vitamine B12 peut être intéressant pour les personnes âgées qui ne mangent pas de viande et sont donc en déficit de cette vitamine.
Un supplément en calcium peut être bénéfique aux adolescents et aux femmes en âge de procréer qui peuvent en manquer. "Les aliments enrichis en fer peuvent aussi être utiles aux femmes qui sont souvent carencées" ajoute le Dr Modaï. Une autre insuffisance d'apport répandue ? Celle en fibres. Là-encore, des céréales enrichies, par exemple, peuvent être intéressantes. Les personnes qui ne mangent pas de poisson pourront consommer des aliments enrichis en iode. Oubliez par contre les aliments enrichis en omégas 3 : "Il faudrait consommer énormément de margarine enrichie pour bénéficier d'un réel apport en omégas 3" explique le Dr Modaï. Sachez tout de même que les aliments enrichis ne sont jamais indispensables ! En effet,  en cas de déficit nutritionnel, un apport suffisant en aliments naturellement riches en nutriment approprié permet de couvrir les besoins.
Dans tous les cas, avant de prendre des aliments enrichis, le mieux est de prendre l'avis d'un professionnel de santé qui saura vous dire si vous êtes à risque d'insuffisance d'apport -en réalisant un bilan alimentaire- et qui pourra éventuellement vous proposer des dosages afin de savoir si vous avez un déficit. Pas la peine de payer plus pour des aliments qui n'ont pas un réel intérêt nutritionnel !

Publié par : Anne-Sophie Glover-Bondeau

Pourquoi est-il si conseillé de manger des fibres ?


La publicité le répète à l’envie : il faut manger des fibres ! Avec raison, semble-t-il, tant ces longues chaines moléculaires, que l’on trouve dans les céréales, les fruits et les légumes favorisent une bonne digestion.
D’abord, ce sont des véritables éponges, qui fixent de grandes quantités d’eau. Les fibres solubles, comme la pectine (malheureusement détruite à la cuisson) ou les gommes, forment dans l’estomac des gels visqueux, tandis que les fibres insolubles restent en suspension et gonflent. Résultat : dans notre estomac, la bouillie alimentaire est beaucoup moins fluide et s’écoule plus lentement vers l’intestin grêle.
Atténuer le pic de la glycémie
Là, les fibres visqueuses continuent de ralentir le transit. Et comme l’intestin grêle ne produit pas d’enzyme capable de les dégrader, elles parviennent presque intactes jusqu’au colon. Ou elles servent de nourriture à une multitude de bactéries.
Inversement, les fibres non solubles accélèrent le mouvement, sans doute en stimulant les contractions de la paroi du tube digestif. Ces fibres permettent donc, au contraire, de lutter contre la constipation. Le cumul des deux types de fibres permettrait de réguler au mieux le transit.
Mais les fibres ont d’autres actions. Les plus visqueuses épaississent les bords du contenu intestinal, ce qui ralentit les échanges avec le paroi de l’intestin. Tandis que les autres non solubles (lignine et cellulose), genent l’action des enzymes. Les fibres freinent ainsi l’absorption des sucres les plus rapides et atténuent le pic que fait la glycémie après chaque repas. Une propriété importante.
Pour les personnes diabétiques. Elles limitent aussi l’augmentation des taux de cholestérol et de triglycérides dans le sang. Enfin, les fibres protégeraient contre les cancers du colon, du rectum ou du sein.
Probablement en diluant ou en retenant les molécules ‘’agressives’’, (acides biliaires pour le colon, dérivés d’œstrogène pour le sein). En revanche, manger trop de fibres peut provoquer flatulences et douleurs abdominales. Cela peut aussi gener le contact des nutriments avec la muqueuse, privant l’organisme de certaines vitamines ou sels minéraux. Comme toujours, tout est donc affaire de justes proportions.
Science & vie, questions réponses, septembre 2011