mardi 2 août 2011

Régimes amaigrissants : des pratiques à risque


Le surpoids et l’obésité constituent un véritable problème de santé publique qui nécessite la prise en charge par un professionnel de santé. Mais, dans de nombreux cas, des pratiques alimentaires d’amaigrissement sont adoptées en l’absence de surpoids ou de toute indication médicale, pour des raisons essentiellement esthétiques.

La quete de la minceur et le foisonnement de régimes qu’il est possible de suivre seul, sans avis médical, amènent les pouvoirs publics à s’interroger sur les risques liés à ces pratiques. L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a été saisie par le Ministère chargé de la santé pour faire un rapport sur ce sujet dont nous vous livrons les principales conclusions.

Aujourd’hui, le culte du corps et de son image constitue un fait social et soumet l’individu aux canons de l’esthétique et de la normalisation du corps. Par ailleurs, le surpoids et l’obésité, touchant respectivement 32 % et 15 % des personnes de plus de 18 ans en France, justifient, dans un certain nombre de cas, la mise en œuvre d’un régime alimentaire sous contrôle médical. Une des conséquences de ces deux phénomènes est le développement de pratiques variées, incluant de nombreux régimes amaigrissants, mis en œuvre souvent de façon isolée par les individus sans justification ni suivi médical. Ainsi, l’étude INCA (etude indivuduelle nationale de consommation alimentaire de 2006-07) a montré que plus de 30 % des femmes ayant un IMC (Indice de Masse Corporelle)  « normal », soit entre 20 et 25, et 15 % des femmes « minces » (IMC<22) ont suivi un régime amaigrissant pendant l’enquete ou avaient suivi un régime amaigrissant pendant l’année précédant l’enquete.

Face au fort développement de pratiques alimentaires d’amaigrissement sans aucune justification ni suivi médical, l’Anses a donc mis en évidence un certain nombre de risques d’ordres nutritionnel et psychologique et elle pointe l’importance d’un suivi médical adapté à la situation de chaque personne. La recherche de la perte de poids sans indication médicale formelle comporte des risques, en particulier lorsqu’il est fait appel à des pratiques alimentaires déséquilibrées e peu diversifiées. Ainsi, la prise en charge d’une demande d’amaigrissement nécessite un accompagnement médical spécialisé.

Cet accompagnement doit etre adapté au statut pondéral (IMC, tour de taille) du patient.
En absence d’excès de poids, les régimes à visée amaigrissante, qu’ils soient proposés par des médecins ou des non médecins, sont des pratiques à risques. Le public doit donc etre averti des conséquences néfastes à court, moyen ou long terme de la pratique de ces régimes, d’autant plus que ceux-ci sont déséquilibrés, associés à des troubles sévéres du comportement alimentaire, et peuvent conduire à terme à un possible gain de poids irréversible.


Tandis que la prise en charge de l’obésité, du surpoids ou d’une prise de poids importante nécessite un diagnostic précis des causes, une analyse du contexte et une estimation des conséquences. Elle nécessite de poser l’indication de perdre du poids ou non, et de définir les objectifs et les moyens à mettre en œuvre qui ne se limitent pas à la simple prise en charge diététique ; elle doit viser une réduction adaptée et prudente du poids, planifiée précocement (afin de pouvoir afir sur les facteurs à l’origine) puis une stabilisation avec des moyens appropriés, tout en veillant à préserver l’état de santé physique et psychologique à moyen et long terme.

Pour réduire les risques de reprise de poids, l’évolution des habitudes alimentaires doit etre associée à une activité physique régulière. Rien ne peut remplacer, en terme de santé, une alimentation équilibrée, diversifiée, en veillant à ce que les apports énergétiques journaliers ne dépassent pas les besoins.

L’obésité est une maladie chronique multifactorielle et sa prise en charge nécessite une démarche interdisciplinaire (médecin nutritionniste, endocrinologue, diététicien, psychologue, etc…).
Réf : science magazine, mai 2011, page 56

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