Le 1er avril 2011, l’agence de presse française Relaxnews signalait que « Certains colorants alimentaires artificiels pourraient être liés à l’hyperactivité chez les enfants
». Il était temps de s’intéresser à ce problème. Aux États-Unis, Michael Jacobson, directeur général du CSPI (Center for Science in the Public Interest) un puissant groupe de défense des consommateurs, s’est félicité dans un communiqué de cette décision. « Je suis heureux de voir qu’après de nombreuses années de déni, la FDA se penche sur les indications liant les colorants alimentaires synthétiques à des problèmes de comportement chez des enfants ».
Ces colorants n’ont aucune raison de se trouver dans des aliments, si ce n’est de leur donner une apparence attirante. Michael Jacobson a bien expliqué leur présence : « Ils sont souvent utilisés de ce fait dans des aliments de mauvaise qualité pour attirer les enfants ou simuler la présence de produits naturels sains comme les fruits […]. Je ne peux qu’espérer que le comité d’experts recommandera à la FDA d’exiger des labels d’avertissement et des encouragements pour que les industries agro-alimentaires renoncent volontairement à ces substances synthétiques pour utiliser des colorants naturels ». Il ne nous reste plus qu’à espérer un changement de comportement de la FDA, qui, pour l’instant, est aussi « transparente et indépendante » que l’Afssaps, et dont la plupart des experts ont des liens d’intérêts avec l’industrie, qu’elle soit alimentaire ou pharmaceutique.
En Europe, une loi requiert que les aliments contenant des colorants artificiels comportent un avertissement sur les risques potentiels, ce qui n’est jamais appliqué. On écrit bien le nom des colorants, (E 102, E 104, E 110, etc.) mais sans jamais indiquer les risques qu’ils engendrent. L’Agence européenne de la sécurité des aliments (AESA) réévalue actuellement les colorants autorisés dans l’Union européenne et de nouvelles dispositions d’étiquetage seront prochainement adoptées. Il s’agit surtout de vérifier si les teneurs ne dépassent pas les doses maximales autorisées et si 2 colorants non autorisés, l’amarante E123 et l’érythrosine E 127, ne se trouvent pas dans les produits de confiserie. Toutefois, ce n’est pas parce que de très nombreux colorants artificiels sont autorisés qu’ils sont sans danger puisque la plupart des colorants synthétiques sont fortement soupçonnés et souvent nettement accusés d’être cancérigènes.
Il est évident que l’hyperactivité fait moins peur que le cancer, aussi, en dénonçant – à juste titre – ce risque, on fait l’impasse sur la carcinogénicité. « Nous avons examiné les études sur cette question et n’avons pas vu de lien direct solide bien que certains enfants hyperactifs souffrant d’un déficit d’attention pourraient avoir une sensibilité à certaines de ces substances chimiques », a expliqué Douglas Karas, porte-parole de la FDA, à l’AFP. « Quelles que soient les recommandations de ces experts, la FDA en prendra bonne note et les intégrera dans ses délibérations pour déterminer si un changement dans les réglementations concernant ces colorants s’impose », souligne également ce porte-parole qui ne prévoit pas de décision avant plusieurs mois. En revanche, les experts indépendants ont été presque unanimes. Ils étaient 13 contre 1 à juger nécessaires des études supplémentaires sur les questions soulevées par ces colorants alimentaires. Et les partisans d’une interdiction de ces colorants citent l’exemple du Dr Benjamin Feingold, pédiatre de Californie, qui dans les années 70 avait traité avec succès certains enfants hyperactifs en leur prescrivant entre autre un régime alimentaire sans ces substances artificielles.
Il est évident que si les consommateurs refusaient d’acheter des produits contenant des colorants chimiques, les industriels cesseraient d’en mettre dans tous leurs produits alimentaires, céréales, sucreries, conserves, et même des médicaments. Mais pour que les consommateurs deviennent raisonnables, il doivent être informés, ce que nos instances de santé se gardent bien de faire.
Malheureusement, il est peu probable que l’Agence européenne de la sécurité des aliments mette en garde les consommateurs contre tous les colorants synthétiques. Une fois de plus, elle se contentera de fixer des doses limites pour des produits dangereux qui ne servent qu’à donner une meilleure apparence à une nourriture sans odeur ni saveur naturelle. Quant aux enfants hyperactifs, il suffira de les empoisonner avec de la Ritaline® et le tour sera joué. Étant abrutis par cette camisole chimique, ils ne pourront se révolter.
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