Révélé néfaste pour la santé, le bisphénol A a été interdit dans les biberons. Détecté par la suite dans le papier thermique des tickets de caisse, les supermarchés U et Carrefour ont décidé de l’en retirer… pour y substituer le bisphénol S. Ce dernier est-il moins toxique ?
« Le bisphénol A (BPA) est actuellement classé en tant que substance reprotoxique de catégorie 3, c’est-à-dire jugée préoccupante pour la fertilité de l’espèce humaine, en raison d’effets toxiques possibles mais non démontrés sur la reproduction » déclarait l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM), dans un communiqué du 3 juin 2010.
Les scientifiques soupçonnent le BPA d’être à l’origine de malformations génitales, de chute de la fertilité, et de cancers de la prostate et des testicules. En application du principe de précaution, qui consiste à préserver la population et l’environnement contre un risque éventuel, la France a interdit la commercialisation de biberons produits à base de bisphénol A, par une loi du 30 juin 2010. L’Union Européenne a suivi ce chemin cinq mois plus tard. Cette interdiction visait à protéger la santé publique contre le BPA, même si ce dernier reste présent dans plusieurs plastiques alimentaires toujours commercialisés.
En octobre 2010, dans un communiqué , l’INRA révèle que le BPA peut pénétrer l’organisme humain par la peau. Une étude antérieure avait relevé « des taux importants de bisphénol A dans l’organisme des personnes en contact régulier avec des tickets de caisse ou des reçus de cartes de crédit », précise l’INRA. « Le BPA est en effet utilisé comme régulateur de la coloration à l’impression des tickets »…
Bisphénol S : un substitut satisfaisant ?
Les supermarchés U et Carrefour avaient pris les devants dès février 2010, en retirant le bisphénol A de leurs tickets de caisse… Ils l’ont remplacé par le bisphénol S (BPS). Celui-ci est-il moins dangereux ? Rien n’est moins sûr. C’est pourtant l’argument avancé par les supermarchés concernés. Mais le manque d’études concernant le BPS ne permet pas de déduire de telles conclusions.
Gérard Bapt, médecin, député maire de Saint-Jean en Haute-Garonne et président du groupe « Santé environnementale » de l’Assemblée nationale, suggère aux supermarchés de préférer l’emploi d’un procédé chimique « ayant déjà fait l'objet d'études scientifiques en terme de dangerosité ». D’autant que les rares études sur le BPS ne penchent pas en faveur de son innocuité.
L’une d’entre elles, sur la biodégradation de différents bisphénols, révèle que le BPS affiche une excellente stabilité face à la chaleur et une grande résistance à la lumière du soleil. Son utilisation présenterait des dangers environnementaux supérieurs à celle du BPA, du fait de sa lente biodégradabilité. L’étude révèle également que les bisphénols ont tous la particularité de développer une activité oestrogénique, même si celle-ci varie en proportion selon le type de la substance.
Remplacer le BPA par le BPS reviendrait donc à substituer un perturbateur endocrinien par un autre… Au vu de ces résultats, « le BPS est une alternative inadaptée car tout aussi néfaste que le bisphénol A », conclut le Réseau Environnement Santé (RES) , avant d’ajouter que « des recherches supplémentaires sont toutefois nécessaires pour évaluer l’impact sanitaire de ce nouveau papier thermique. »
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