Gélules, apports multivitaminés,
extraits d'algues ou oligoéléments : les compléments alimentaires séduisent un
public de plus en plus large, mais leurs effets semblent parfois aller à
l'encontre de l'objectif poursuvi. Les personnes ingérant ces additifs, révèle
une étude de l'Université de Taïwan, se sentent protégées contre les maladies
et se livrent du même coup à divers comportements dangereux ou malsains,
négligeant les règles élémentaires de prudence.
Le psychologue Wen-Bin Chiou a offert
à 41 Taïwanais de consommer un mélange diététique présenté comme un concentré
multivitaminé, énergisant et revitalisant. Il s'agissait en réalité d'un
placebo. Comme groupe témoin, 41 autres participants ont consommé le même
placebo, mais présenté pour ce qu'il était : une substance inactive.
Comparés au groupe témoin, les 41 sujets persuadés d'avoir absorbé un
complément alimentaire ont déclaré, via des questionnaires, être plus attirés
par les soirées arrosées, la prise de stupéfiants, le bronzage à haute dose ou
les rapports sexuels non protégés. Ils étaient également moins désireux de
faire du vélo, de la course à pied, de la natation ou du yoga.
Les psychologues ont alors proposé à
leurs sujets un questionnaire dit d'invulnérabilité, composé de questions
telles que : « Rien ne peut me faire de mal », « Les maladies sont pour les
autres », etc. Non seulement les personnes pensant avoir pris des compléments
alimentaires obtenaient des scores supérieurs à ce questionnaire, mais la note
obtenue était directement liée à leur attirance pour les activités dangereuses
citées.
D'où la conclusion : les « potions
magiques » multivitaminées et autres stimulants entraînent un sentiment
d'invulnérabilité qui conduit leurs consommateurs à baisser la garde vis-à-vis
des comportements à risque. Voilà qui rappelle les régimes minceur : les
personnes qui prennent des produits amaigrissants se sentent parfois autorisées
à manger sans restriction.