Des scientifiques tchèques sonnent l’alerte : les films ou les diffusions de rencontres sportives en trois dimensions peuvent causer des problèmes de transition entre monde virtuel et monde réel.
Jame Josh a eu un accident de voiture une heure et demie après avoir vu le film en 3D Alice au pays des merveilles. Il est convaincu que ces deux événements ne sont pas sans relation. Cette technologie est-elle si dangereuse que cela ? Certes, Avatar a créé l’émoi, mais il a aussi provoqué des sensation désagréables chez certaines personnes. Beaucoup ont dû retirer leurs lunettes et quitter le cinéma, et il leur a fallu plusieurs heures pour se remettre de leur expérience tridimensionnelle.
Maux de tète, yeux brulants et picotements oculaires, pertes d’orientation, migraines, nausées, e même, au pire des cas, attaques d’épilepsie ou cardiaques : tout cela peut résulter du visionnage de films en trois dimensions par des personnes sensibles ou prédisposées. Josef Syka, le l’institut de médecine expérimentale de Prague, affirme que le principal problème vient du cerveau : ‘’la vision spatiale est basée en premier lieu sur le fait que chaque œil perçoit notre espace un petit peu differemment’’.
On regarde différemment le monde réel et le monde en 3D
La technique est aussi utilisée pour les images en relief. Mais ce n’est pas le seul principe de la vision binoculaire. D’autres mécanismes sont à l’œuvre ; néanmoins, on ne peut les utiliser lorsqu’on regarde des images en 3D. Nos yeux font alors une mise au point sur l’écran pour que naisse un espace virtuel. C’est surement de là que viennent la gène, voire les nausées ressenties par de nombreuses personnes à la vue d’animations en trois dimension. Martin Filipec, ophtalmologiste à la clinique européenne de l’œil Lexum, confirme : ‘’oui, entre regarder le monde réel et le monde en 3D à la télévision ou au cinéma, il y a une différence optique majeure’’. En effet, normalement, chaque œil se règle en fonction de l’éloignement de l’objet observé, ce qui ne peut être accompli dans le monde virtuel, dans ce dernier, un conflit survient entre les champs de convergence des yeux puisque ceux-ci, pour voir l’image tridimensionnelle, doivent à la fois se régler en fonction de la distance qui les sépare de l’écran et de celle qui les sépare de l’objet vu en trois dimensions, perçu comme étant plus proche.
Ce conflit peut être source de maux de tète ou d’autres problèmes. Néanmoins, Martin Filipec assure que tous ces inconvénients sont seulement temporaires. Josef Syka ajoute que le même type d’effets peut être ressenti lorsque l’on regarde pendant trop longtemps des images floues. Percevoir des images en trois dimensions pendant plusieurs heures ne peut pas être dangereux, surtout pour les adultes dont les mécaniques de vision sont suffisamment fixés. Il souligne également qu’un adulte sur dix possède une vision défaillante, ce qui l’empêche d’avoir une vision stéréoscopique normale. De fait, les personnes souffrant de troubles après avoir regardé des images en 3D devraient consulter un spécialiste, car ces troubles pourraient révéler un défaut de vision.
Jouer beaucoup avec les nouvelles technologies, selon les experts, n’est pas conseillé aux individus ayant déjà été sujets à des crises d’épilepsie ou à des crises cardiaques. Cependant, cet avertissement est davantage lié aux sensations intenses provoquées par ce type d’activités qu’aux problèmes posés par les principes de la technologie tridimensionnelle.
Les enfants plus touchés
Le principal débat concernant la télévision 3D tourne en fait autour des enfants. Josef Syka insiste sur le fait que de nombreuses heures passées devant des images en trois dimensions peuvent altérer le développement de ces derniers ainsi que l’interaction des mécanismes de la vision spatiale. Martin Filipec va également dans ce sens, mais précise que cette théorie n’est pas vérifiée. Un autre expert pense, quant à lui, que regarder des films en 3D n’est pas susceptible de causer des problèmes de vision, mais peut au contraire contribuer au développement infantile.
Pour Martin Filipec, la technologie des films en 3D doit donc être améliorée pour causer le moins de troubles possibles à un minimum de personnes. En outre, des informations complémentaires doivent être fournies au public sur la meilleure façon de regarder des films en trois dimensions. Ainsi, si l’on n’est pas assis au milieu du cinéma, cela provoque une distorsion, pouvant engendrer un mal-être. De même, plus l’on est proche de l’écran, plus est grande la probabilité d ressentir des troubles.
D’autres scientifiques mettent l’accent sur le fait que la recherche devraient se concentrer principalement sur l’usage risqué de petit situés à faible distance du spectateur, car c’est lorsque ce dernier se trouve près de l’écran que le conflit entre les champs de convergence oculaire est le plus important.
Réf : science magazine, N°30, page 15, mai 2011,