mardi 7 août 2012

La guerre aux microbes dans l'alimentation


Quiconque s'est un peu promené sur la planète est à même de constater que nos critères sont très élevés. J'ai vu dans des marchés en France, un pays qui n'a certainement pas moins d'exigences hygiéniques que le Canada, des poulets morts sur un étal à l'air libre. Vu aussi l'assiette de fromages se promener d'une table à l'autre dans un petit café pour que chacun s'y serve à sa guise. Impensable ici.
Bon. Pour le poulet, j'avoue que je ne l'aurais pas acheté. Mais pour le fromage, je ne voyais là rien de choquant, d'autant plus que cela permettait d'offrir à tous les clients une plus grande variété.
Beaucoup se souviennent de la crise de la listériose qui, en 2008, a entraîné le rappel de plus de 200 produits Maple Leaf. Ou encore, la même année, de celle des fromages qui a fait si mal aux artisans québécois. Plusieurs ont blâmé le gouvernement provincial pour sa prudence jugée excessive, alors que des productions entières ont été détruites sans que la preuve soit faite qu'elles étaient contaminées.
Certains se demandent d'ailleurs toujours pourquoi il est si difficile de produire des fromages au lait cru de ce côté-ci de l'Atlantique, et je ne vous parle pas de ceux qui réclament le droit d'acheter du lait non pasteurisé.
À l'inverse, on pourrait se demander dans quelle mesure les rappels ordonnés par l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) ou par le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ) sont bien suivis. Après tout, si une dangereuse bactérie contamine un aliment, ou s'il y a présence non déclarée d'un allergène, il est légitime de vouloir le savoir. Au Québec comme dans les autres provinces, les compagnies et les épiceries sont responsables de l'application des directives, et l'on pourrait craindre que certaines tournent les coins ronds.

Un système rodé
Spécialiste de la salubrité et des rappels d'aliments à l'ACIA, Linda Leblanc n'hésite pas à dire que le Canada a un système bien rodé et bénéficiant d'une excellente réputation ailleurs dans le monde. Et à son avis, celui-ci n'est pas excessif.
«On travaille avec les informations qu'on a», dit-elle. Et si celles-ci indiquent qu'il pourrait y avoir un danger pour la santé, «il faut prendre la mesure appropriée».
«Il faut se demander ce que le consommateur veut», avance pour sa part Johanne Minville, qui est conseillère régionale en inspection alimentaire au MAPAQ. Et au Québec, assure-t-elle, la qualité et la sécurité des aliments sont des valeurs importantes.
Tant au niveau provincial que fédéral, le système de rappels alimentaires repose sur un ensemble de procédures qui se sont raffinées au fil du temps. Que ce soit à partir d'une plainte, d'une observation faite au cours d'une inspection de routine ou lorsqu'un fabricant ou un détaillant signale lui-même un problème, le processus se met rapidement en marche, assurent les deux professionnelles.
Si la situation est urgente, même en fin de journée, elle sera traitée immédiatement, précise en outre Mme Leblanc.
La loi oblige les commerçants à mettre en marché des produits sécuritaires. En conséquence, ils ont l'obligation de collaborer lorsqu'un problème est décelé. Tout fonctionne un peu à la chaîne : le fabricant avise le distributeur, qui avise les détaillants, qui retirent le produit des tablettes et avisent leur clientèle, le cas échéant.
Et comment être certain que les consignes ont été suivies jusqu'au bout? Tant l'ACIA que le MAPAQ disent faire des vérifications sur le terrain à partir d'un échantillon, par téléphone et parfois même lors de visites.

Situation stable
Bon an, mal an, la situation semble plutôt stable au Canada. Ces cinq dernières années, l'ACIA a ordonné de 200 à 250 rappels annuellement. La répartition des responsabilités entre les deux agences se fait grosso modo en fonction de la distribution des aliments. Ceux qui sont produits et vendus uniquement au Québec sont sous la responsabilité du MAPAQ, alors que ceux qui proviennent de l'extérieur de la province ou y sont vendus relèvent de l'ACIA.
Le consommateur a le choix d'aller ou non dans un établissement donné, et d'acheter ou pas un produit, soumet Johanne Minville. «Mais dans tous les cas, il peut se dire qu'il y a une organisation derrière qui surveille.»
Sachez qu'il est possible de s'inscrire aux rappels de l'ACIA ou du MAPAQ en se rendant sur leurs sites Internet respectifs. Ça vous donnera une petite idée du genre de bibittes que l'on traque!

Mon ado ne mange pas de viande : un danger pour sa santé ?


Vers l’âge de 12 ans, Jules a vu un reportage sur un abattoir, qui l’a dégoûté de manger de la viande. « Depuis, il faut se débrouiller avec les œufs, un peu de poisson et parfois du poulet », explique Isabelle à propos de son fils, qui, 14 ans aujourd’hui, reste très réticent à la viande. Déjà, le fait de comprendre son choix peut aider à dédramatiser la situation. « Il y a rarement de profondes convictions philosophiques, c’est encore trop tôt, souligne Laurence Haurat, psychologue et diététicienne. En revanche, le jeune peut éprouver du dégoût vis-à-vis d’aliments qu’il trouve par exemple trop forts en goût ou trop liés à la mort. »
Autre raison invoquée par les psychologues : en boudant un aliment apprécié de ses parents, l’adolescent se démarque d’eux. Et quoi de plus sensible que la table, principal lieu d’échanges en famille ? Le meilleur service à lui rendre, c’est respecter son choix tout en adaptant ses menus à ses besoins.

Végétarien ou végétalien ?
Souvent, l’ado rejette la viande, mais il continue de manger des œufs, des produits laitiers et parfois aussi du poisson. Tant qu’il y a des laitages ou des œufs dans ses menus, n’ayez aucune crainte. Il n’y a pas lieu de s’inquiéter, sauf si cette tendance au végétarisme s’installe dans le temps. Parce que jusqu’à environ 18 ans, les besoins nutritionnels doivent être comblés pour assurer une croissance harmonieuse.
Plus radicaux, certains peuvent adopter un régime végétalien, c’est-à-dire refuser tout sous-produit animal. « Globalement, le régime strictement végétalien n’est pas satisfaisant d’un point de vue nutritionnel », souligne Laurence Haurat. L’idéal ? Convaincre votre ado de manger au moins des produits laitiers ou bien des œufs. Et veiller au bon apport de protéines, indispensables à sa croissance. Il faut donc proposer tous les jours des céréales et des légumineuses, les deux principales sources de protéines végétales.
Il va toutefois manquer d’un élément essentiel, la vitamine B12, que l’on trouve presque exclusivement dans les aliments d’origine animale. Une carence en vitamine B12 risque d’entraîner une anémie et des troubles neurologiques. Le médecin pourra, le cas échéant, prescrire un complément alimentaire ou des levures.

Des apports en calcium nécesaires
Autre élément clé à surveiller, le calcium. Son rôle est primordial dans l’acquisition et la préservation du capital osseux. Comme il est apporté en très grande partie par les produits laitiers, si l’ado en mange en quantités suffisantes, tout va bien. Sinon, il faut l’inciter à consommer certains fruits et légumes (agrumes, choux) dont les teneurs en calcium ne sont pas négligeables, certaines eaux minérales, sans oublier les jus de fruits ou les céréales supplémentés en calcium.

Penser aux légumes secs riches en fer
Par ailleurs, des questions se posent au sujet du fer : celui des végétaux est beaucoup moins bien assimilé par l’organisme que celui des produits animaux. Il faut donc bien ajuster les quantités de légumes secs riches en fer (lentilles, pois chiches), et consommer dans le même repas des aliments riches en vitamine C (agrumes, kiwis), qui favorisent l’absorption intestinale du fer. Les signes d’une carence en fer sont une grande fatigue, une sensibilité accrue aux infections et une baisse des performances intellectuelles.
Il faut faire encore plus attention à l’adolescente, qui peut avoir des pertes de fer parfois importantes durant les règles. Encouragez-la à manger au moins de la viande blanche. Si elle montre des signes anormaux de fatigue matinale, consultez le médecin. Il pourra prescrire une supplémentation sur quelques mois.