Mercure, formaldéhyde, triclosane, parabène, voilà juste quelques-uns
des ingrédients toxiques que l’on peut trouver dans les produits de
soins personnels que vous utilisez au quotidien. Dans There’s Lead in Your Lipstick (Du plomb dans votre rouge à lèvres), la journaliste Gillian Deacon passe au crible de la science les produits malsains de votre salle de bains et propose des produits de remplacement plus sains, voire d’en fabriquer vous-même avec, par exemple, des ingrédients aussi courants que le vinaigre et l’huile.
Plaisirs
Santé a clavardé avec Mme Deacon – qui avait cessé de travailler sur
son livre pendant plusieurs mois de l’année 2009 pour suivre un
traitement contre le cancer du sein
– à propos des perturbations hormonales, des réglementations
gouvernementales et de l’écoblanchiment dans le domaine des produits de
beauté.
PS: Comment
parvenez-vous à concilier votre travail de journaliste traquant les
faits et les émotions suscitées par votre combat contre un cancer en
partie attribuable, selon vous, aux toxines qui nous entourent?
Gillian Deacon:
C’est vraiment la journaliste qui a écrit ce livre. Dès que je
m’assieds à mon bureau, couvert d’études scientifiques, c’est
automatique. Mais des choses qui n’auraient auparavant pas trouvé d’écho
en moi m’ont frappée. Avant mon cancer, une information sur les
perturbations hormonales m’aurait fait penser à mon syndrome
prémenstruel et à mes problèmes de peau. Mais ma tumeur était alimentée
par mes œstrogènes. Ces cinq prochaines années, je devrai prendre des
médicaments bloquant la production d’hormones, alors je suis beaucoup
plus consciente de la gravité du problème.
PS:
Les gens savent qu’il y a des pesticides dans certains produits et ils
ont changé leur façon de manger en conséquence. Cependant, beaucoup
d’entre nous avons aussi entendu parler des toxines dont vous traitez
dans votre livre, et nous continuons d’aller à la pharmacie acheter les
mêmes lotions et shampoings. Pourquoi?
Sur le même sujet
GD: Les vieilles habitudes ont la vie dure. Les
gens s’accoutument à l’effet d’un produit plutôt qu’à celui d’un autre.
Je pense qu’il leur est difficile de remettre en question ces aspects de leur vie.
Ils se disent que ça leur a convenu jusque-là, qu’ils sont en bonne
santé et qu’ils ne vont sans doute pas tourner de l’œil demain. Par
ailleurs, le gouvernement n’exerce aucune pression pour que les
fabricants changent leur façon de procéder.
PS:
Certains produits de beauté naturels sont très inefficaces. Par
exemple, j’ai essayé un gel pour les cheveux qui s’est révélé un vrai
désastre. Comment faites-vous pour trouver des produits de bonne
qualité?
GD: J’ai dépensé une fortune à
essayer plein de choses ces dernières années, et je reste à l’affût
jusqu’à ce que je découvre un produit adéquat. C’est un vrai défi de
trouver des produits efficaces, mais si on reste attentives, on finit
par y arriver. Et c’est là où mon livre intervient, il vous donne des
raccourcis pour résoudre le problème. Il y a aussi de plus en plus de
nouveaux producteurs qui offrent des produits de beauté qui sentent bon et sont sans danger.
PS:
Quand vous cherchez des articles de toilette sûrs, avez-vous des trucs
pour ne pas vous laisser tromper par les prétentions vertes des
fabricants?
GD: Quand vous voyez l’image
d'une jolie feuille verte ou le mot « naturel » sur un emballage, vous
devez le retourner et lire les informations qui figurent au dos. C’est
le sujet de mon premier chapitre. Quand vous achetez mon livre, vous
avez de plus accès à une carte de format portefeuille téléchargeable sur
mon site Web (gilldeacon.com) qui fournit la liste des 10 marques auxquelles vous pouvez accorder votre confiance et des 20 ingrédients à éviter. Mais ils ne disent pas qu’il y a du plomb dans le rouge à lèvres.
Vouloir la sécurité à tout prix pourrait vous rendre dingue, et il faut
se contenter de faire ce que vous pouvez pour limiter les dégâts –
c'est là que la cancéreuse qui est en moi ressort ses griffes.
PS:
Est-il possible de trouver des produits efficaces et sûrs à la
pharmacie du coin ou devez-vous faire un saut jusqu’au premier magasin
d’alimentation naturelle?
GD: Quelques
produits vraiment écolos parviennent à se frayer jusque sur les rayons
des grands magasins. Mais il n’y a aucun autre domaine où l’on risque
plus de se faire tromper par l’écoblanchiment, car les compagnies qui
fournissent ces magasins dépensent plus pour le marketing et les
emballages accrocheurs que pour des ingrédients de haute qualité.
PS:
Pour les lecteurs de Plaisirs Santé qui ne sont pas familiers avec le
sujet de votre livre, quel est le principal message que vous souhaitez
leur faire passer?
GD: Nous ne pouvons
pas tenir pour acquis, devant les rayons où s’étalent nos produits de
soins personnels et de beauté, que ces derniers ont fait l’objet de tous
les essais nécessaires pour nous assurer que tous leurs ingrédients
soient inoffensifs à court comme à long terme. Tout le monde
croit que le gouvernement et les organismes de régulation font leur
devoir avec diligence, mais ce n’est absolument pas le cas.
Nous devons donc nous demander si cela compte beaucoup pour nous et si
nous sommes prêtes à faire les efforts requis pour restreindre le nombre
et la quantité de toxines auxquelles nous nous exposons.