samedi 6 août 2011

L’allaitement artificiel : impact différent de l’allaitement maternel ?


Une  étude montre que l’allaitement artificiel induit des changements dans la croissance du périmètre crânien, et de la pression artérielle moyenne et diastolique. Ces changements seraient en lien avec la teneur en protéines de la formule.
Dès les premiers instants de la vie, la nutrition peut avoir des conséquences à long terme sur la santé, peut-être par un phénomène déjà connu sous le nom de l’effet de programmation métabolique, selon une étude présentée le lundi 2 mai 2011, au meeting de la Pediatric Academic Societies and Asian Society for Pediatric Research (PAS)  à Denver (USA).
Les informations qu’apportent cette nouvelle étude permettent de mieux comprendre l’influence éventuelle du mode alimentaire durant la petite enfance, sur la santé et l’apparition ultérieure de maladies, en particulier à l’âge adulte. Cette étude permettra sans doute de meilleures recommandations nutritionnelles à l’avenir. La notion de programmation métabolique est un concept qui évalue les différences dans les expériences nutritionnelles à des périodes critiques de l’existence et au début de la vie. Ce concept permet de mieux saisir l’éventuel programme que le métabolisme d’une personne et de sa santé enclencherait pour l’avenir. Ceci permet donc d’anticiper sur les maladies éventuelles qu’une personne serait susceptible d’avoir au cours de sa vie.
L’étude de l’impact de la nutrition sur le métabolisme par les chercheurs a permis de comparer la composition corporelle durant la croissance, et la pression artérielle sur une cohorte de trois groupes. L’étude sur les nouveau-nés a été co-réalisé dans le Service de Néonatologie des Hospices Civils de Lyon (France).
« Un groupe de nouveaux nés a reçu du lait maternel pendant les quatre premiers mois de vie. Les deux autres groupes ont été randomisés pour recevoir soit une formule à faible teneur en protéines avec 1,8 grammes de protéines/100 kilocalories (g/kcal) ou une formule riche en protéines de 2,7 g/100 kcal. La teneur en protéines des deux formules se trouvait dans les niveaux recommandés de 1,8 à 3 g/100 cal. Après quatre mois, les nourrissons nourris au lait maternisé ont continué à recevoir la même formule, et les nourrissons allaités au sein ont été affectés à la formule à faible teneur en protéines, en cas de besoin. »

Les chercheurs de cette étude ont suivi 234 enfants durant trois années. Ces derniers ont constaté que dans le cas d’un allaitement maternel exclusif pendant les premières semaines de vie il apparaît un modèle spécifique de croissance et un profil métabolique spécifique. Ce modèle spécifique semble différant chez les nourrissons nourris au lait maternisé.
La teneur en protéines contenue dans les préparations pour nourrissons ne peut être un facteur clé dans l’induction de ces différences, selon une étude du Professeur Guy Putet, co-auteur de l’étude.
L’étude signale que dès les quinze premiers jours de la vie, les niveaux d’insuline présents dans le sang étaient plus faibles chez les nourrissons allaités au sein que chez les nourrissons nourris au lait maternisé. Ces différences visibles ont persisté après quatre mois, mais aucune différence n’a été observée à 9 mois.
Bien qu’il réside des différences constatées sur la croissance entre les groupes au cours de la première année de vie, il n’y avait plus aucune différence de taille, de poids ou sur la composition corporelle (masse grasse, masse maigre) entre les groupes après trois années. L’exception se situe essentiellement sur la circonférence du crâne, qui serait légèrement inférieure dans le groupe ayant été nourri par la formule normale mais plus faible teneur en protéines.
Le résultat inattendu après trois ans se révèle surtout au niveau de la pression artérielle diastolique* et moyenne qui était plus élevée chez les nourrissons qui avaient consommé de la formule riche en protéines par rapport aux nourrissons allaités au sein, selon le Professeur Guy Putet.

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