Alors que l’Agence américaine de sécurité alimentaire (FDA) vient de décider de ne pas interdire le bisphénol A (BPA) dans les conteneurs alimentaires, faute de preuves suffisantes de sa toxicité, l’autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA) s’engage dans une nouvelle évaluation des risques du composant chimique.
Dangereux, pas dangereux ? Les avis restent très divisés sur le BPA et les législations, disparates. Aux États-Unis, la FDA vient de refuser la demande d’une association écologiste américaine (Natural Resources defense council) de l’interdire, « faute d’avoir à disposition des données scientifiques nécessaires pour changer la réglementation actuelle : il existe encore de sérieux doutes sur la solidité des études, en particulier sur l’impact du BPA sur les êtres humains » selon les termes du porte-parole Doug Karas. Le BPA est néanmoins interdit dans 11 États américains dans la fabrication des biberons, non au niveau fédéral.
Le bisphénol A est totalement interdit dans les biberons au Canada, comme en France, qui a même étendu cette interdiction à tous les récipients alimentaires à partir de 2014 et dès 2013 pour les produits destinés aux enfants de moins de 3 ans - décision dont s’est désolidarisée l’Académie de médecine. Les sages soulignent l’incertitude qui plane sur la dangerosité du BPA, jusqu’à présent étudiée uniquement chez l’animal.
Des rongeurs à l’homme
Pour y voir plus clair, l’EFSA entreprend une nouvelle évaluation des risques associés au BPA utilisé dans les conteneurs alimentaires, axée essentiellement sur l’exposition des groupes vulnérables. Ce travail de Titan vise à examiner toutes les données et études scientifiques parues depuis 2006, année où l’EFSA a établi une dose journalière acceptable (DJA) de 0,05 mg par kilo de poids corporel pour cette substance. Depuis, les experts du groupe scientifique de l’EFSA (CEF) s’étaient ému à plusieurs reprises des incertitudes qui subsistaient sur les effets du BPA à faible dose chez les rongeurs.
Grâce à cette réévaluation qui devrait courir jusqu’à mai 2013, le groupe CEF (réparti en 2 divisions, l’un travaillant sur les dangers associés au BPA, l’autre sur l’exposition et l’absorption par le corps) pourra ainsi explorer ces effets constatés chez des rongeurs. Il tiendra également compte de la contribution de sources non alimentaires à l’exposition globale au BPA, et examinera toutes les études à paraître cette année. Enfin l’EFSA organisera un colloque réunissant les plus grands experts internationaux pour débattre des effets des faibles doses du bisphénol A, à Parme, les 14 et 15 juin prochains.
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