Dans son essai Comme un roman, Daniel Pennac imagine une nouvelle pédagogie de la lecture pour lutter contre le déplaisir de lire. Aujourd’hui, confirmant ce désintérêt croissant pour la lecture, sociologues, psychologues et enseignants vont plus loin en lui imputant les difficultés que rencontrent certains élèves. Lire pour apprendre, apprendre pour mémoriser, mémoriser pour comprendre, comprendre pour prendre plaisir... à lire. La connaissance appelle la connaissance, à condition d’avoir amorcé ce cercle vertueux. Cette affirmation pourrait sembler utopique, voire passéiste, si elle n’était étayée par les résultats qu’apportent les neurosciences.
Le cerveau est doté de systèmes de récompense qui libèrent de la dopamine – associée au plaisir – quand on surmonte une difficulté ou que l’on résout un problème. Apprendre à lire, apprendre tout simplement, déclenche des émotions positives. Or les enfants ont un attrait spontané pour le livre. Pourquoi cette envie de lire s’étiole-t-elle chez beaucoup d’entre eux, souvent à l’adolescence ?
Sans doute, toujours d’après Daniel Pennac, parce que « Le verbe lire ne supporte pas l’impératif. Aversion qu’il partage avec quelques autres : le verbe “aimer” et le verbe “rêver” ». Dès lors, pourquoi ne pas mettre en application ses « droits imprescriptibles du lecteur » ? « Le droit de ne pas lire ; le droit de sauter des pages ; le droit de ne pas finir un livre ; le droit de relire ; le droit de lire n’importe quoi ; le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible) ; le droit de lire n’importe où ; le droit de grappiller ; le droit de lire à haute voix ; le droit de nous taire.»
Les neuroscientifiques qui s’intéressent à l’enseignement livrent de multiples informations sur la façon dont les élèves apprennent, oublient, comprennent (ou non), progressent ou perdent pied, sont attentifs ou dissipés, sur la façon dont les enseignants transmettent leur savoir, sont respectés ou chahutés. Certaines éclairent a posteriori pourquoi les anciennes méthodes d’enseignement étaient efficaces (notamment parce qu’elles donnaient aux enfants les règles dont ils ont besoin pour se structurer), mais aussi pourquoi aujourd’hui la masse des connaissances à assimiler dépasse les capacités de mémorisation du cerveau. Des connaissances mal acquises désamorcent le cercle vertueux. À quand un meilleur dialogue entre les neuroscientifiques et les responsables des programmes d’enseignement ?
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