Une étude de grande ampleur
Le jeudi 30 juin, l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail) a publié les résultats de la deuxième étude de l’alimentation totale (EAT 2). Cette étude, d’une très grande ampleur, s’est déroulée pendant 4 ans et s’est basée sur la recherche de 445 substances chimiques (pesticides, métaux lourds, contaminants issus des activités humaines, phyto-estrogènes, additifs, etc.), dans 20 000 aliments aboutissant à 250 000 analyses. 283 des substances étudiées sont des pesticides.
Aliments contaminés
Pour éviter d’ingérer des substances à des doses toxiques, l’ANSES conseille de diversifier son alimentation. « Il n’y a pas en soi, de bons ou de mauvais aliments » affirme le directeur de l’ANSES, Marc Mortureux.
L’agence conclut ainsi : « Cette étude montre que les risques tant nutritionnels que chimiques peuvent être minimisés en évitant de consommer régulièrement un petit nombre d’aliments en grandes quantités ». En effet, il y a des risques lorsque certaines populations mangent régulièrement un aliment spécifique très contaminé ou, à l’inverse, des aliments peu toxiques mais consommés en grande quantité. Marc Mortureux souligne que « L’étude fait ressortir certains risques à long terme pour les adolescents quand leur alimentation est focalisée de façon trop excessive sur des produits à base de céréales (dont les pâtes), de frites et de chips ».
Quelques aliments peu toxiques mais très consommés :
- Le pain : cadmium, plomb, mycotoxines
- Les pâtes : aluminium
- Le café : cuivre, arsenic inorganique, acrylamide
- Le lait : plomb, arsenic inorganique
Les aliments généralement moins consommés mais pouvant être toxiques pour les grands consommateurs :
- Frites, chips etc. : trop d’acrylamide et des mycotoxines
- Le vin : trop de sulfites
- Les cerises : diméthoate (un pesticide utilisé dans les cultures de viticoles et fruitières).
Nous pouvons regretter que le rapport de l’étude ne précise pas avec plus de précision en quelle quantité un aliment peut être consommé sans qu’il ne soit toxique pour l’organisme.
On retrouve des PCB et des dioxines dans 86% des produits testés mais l’exposition de la population à été fortement diminuée. Ces PCB et dioxines se retrouvent principalement dans les poisson gras (maquereau, hareng, sardine, saumon, thon, etc.). On retrouve également du mercure organique dans le thon. Il est recommandé de manger au maximum deux fois par semaine du poisson tout en variant à la fois l’espèce consommée et la provenance du poisson. Il faut savoir que pour une femme enceinte il est conseillé de manger au maximum une fois par mois du thon.
L’agence précise également que pour certaines substances, il n’a pas été possible de conclure car il n’y a pas, à l’heure actuelle, de méthodes analytiques suffisamment précises ou parce que les valeurs toxicologiques ne sont pas assez abouties. Le Figaro rapporte que cela concerne « 38 résidus de pesticides, [...] six mycotoxines ainsi que du mercure inorganique, de l’étain, du gallium, du germanium, du strontium, de l’argent, du tellure et du vanadium, de certains composés perfluorés ».
Des conclusion rassurantes…
Le rapport de l’ANSES se veut rassurant : « Pour 85% des substances qui ont pu faire l’objet d’une évaluation, le risque peut être écarté pour la population générale, l’évaluation des expositions des consommateurs restant toujours en deçà des valeurs toxicologiques de référence disponibles (VTR) ». En revanche, pour une douzaine de substances, le risque de dépassement des valeurs toxicologiques de référence « ne peut être exclu ». L’effet des ces substances cumulées n’a d’ailleurs pas été étudiée.
contestées par des associations
L’association Générations Futures déplore le fait que l’étude ne dévoile pas exactement le risque encouru par le consommateur. De plus, elle note que les valeurs d’exposition sont comparées à des valeurs toxicologiques de référence (VTR) qui sont souvent inexactes (comme nous pouvons le voir dans le documentaire « Notre Poison Quotidien » de Marie-Monique Robin). « Les valeurs toxicologiques de référence ne sont parfois pas protectrices des populations, l’étude ne prend pas en compte l’interaction des molécules entre elles ni le mode d’action particulier des perturbateurs endocriniens, enfin certains contaminants ne sont pas étudiés, comme le bisphénol A, l’aspartame, les antibiotiques… » déplore Générations Futures.
L’association avait, en décembre, publié un rapport sur l’exposition des enfants aux substances chimiques et avait révélé qu’en l’espace de 24h, un enfant est susceptible d’être exposé, que par son alimentation, à 81 substances chimiques différentes ! 47 de ces substances sont suspectées d’être cancérigènes, 5 sont classées cancérigènes certaines et 37 sont suspectées d’être des perturbateurs endocriniens (dérèglent le système hormonal). Le rapport précisait également que « Les effets des mélanges de pesticides étaient de 150 à 1600 fois plus importants que les effets des pesticides pris isolément ». On appelle ceci l’effet « cocktail », une notion bien connue à présent mais très rarement prise en compte dans les études qui se contentent généralement d’analyser les différentes substances chimiques de manière isolée en se basant sur des valeurs limites acceptables bien souvent obsolètes.
Laurent Chevallier, nutritionniste au RES (Réseau Environnement Santé) déclare que ce rapport est utile mais peu utilisable dans la pratique et regrette qu’il ne donne pas plus de recommandations « pour encadrer les pratiques des industriels de l’agro-alimentaire qui sont en partie à revoir » rapporte Romandie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire