il suffit de rester cinq minutes dans l’eau pour que la peau du
bout des doigts ou des orteils plisse. On croyait simplement que la peau
devenait partiellement perméable et que l’eau faisait gonfler les couches sous-cutanées.
Mais Mark Changizi et ses collègues, du Laboratoire 2AI à Boise,
dans l’Idaho aux États-Unis, avancent une nouvelle hypothèse: les plis qui se
développent dans l’eau seraient une adaptation au milieu et permettraient d’y
agripper efficacement les objets.
On sait depuis
le milieu des années 1930 que si l’on bloque le système nerveux dit sympathique
(qui adapte entre autres les réactions de l’organisme au milieu) au niveau des
doigts, on empêche la formation des plis à leur extrémité. Les neurobiologistes
ont donc supposé que ces plis seraient une adaptation efficace en milieu
humide. En étudiant des clichés de 28 extrémités de doigts plissées par l’eau,
ils ont constaté que toutes présentent la même organisation en « canaux »,
formés par les parties concaves. Chaque canal est long, ininterrompu et séparé
de son voisin, et seules les parties hautes sont toutes connectées en un point
situé au sommet du doigt.
Quand on
appuie le doigt sur une surface sèche, les empreintes digitales permettent
d’augmenter l’adhérence. Mais si la surface est humide, un film d’eau reste
piégé entre l’objet et le doigt. Or les ridules des empreintes digitales, trop
fines, ne peuvent pas évacuer cette eau, et l’adhérence est mauvaise. En revanche,
les plis des doigts qui apparaissent en quelques minutes permettraient
d’éliminer l’eau rapidement en formant un système de drainage efficace.
Reste à prouver que l’on saisit mieux des objets dans l’eau grâce
à ces plis. En attendant, les chercheurs américains ont déjà montré que même
des macaques japonais ont la peau des doigts plissée dans l’eau.
Réf : pour la science, N° 406.
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