vendredi 21 juin 2019

J'ai fait un jeûne d'une semaine dans une clinique

« Délestez- vous ! » Tel pourrait être le mot d'ordre de cette clinique où l'on jeûne pour des raisons thérapeutiques ou simplement de bien-être. Tout est fait pour remettre en marche le système encrassé par le stress, la nourriture grasse et les médicaments. Marie-Christine, qui s'est offert cette cure, raconte.
JOUR 1 "JE DÉCOUVRE L'ENDROIT..."
Arrivée à la clinique Buchinger, le lieu fondateur du jeûne thérapeutique, en Allemagne, sur les bords du lac de Constance*. On le comprend tout de suite : cet endroit est « sérieux ». Sobriété de mise du côté des patients, blouses blanches dans les couloirs, rien à voir avec un spa. Vite le restaurant pour un déjeuner léger. Au menu, salade de tomates, riz et petits légumes. Amatrice de café (interdit ici comme tous les excitants) je goûte le malt et je m'en accommode.
JOUR 2 "PREMIÈRE VISITE MÉDICALE"
Ce matin, comme je le ferai tous les matins vers 7 heures, je me rends chez l'infirmière pour mon check-up : tension, poids. Aujourd'hui sera un « jour de repos digestif ». Je choisis une mono-diète de fruits variés (options tout riz ou tout pommes de terre possible) à laquelle je m'adapte sans difficultés .Première visite médicale dans l'après-midi. Le médecin mesure mon tour de taille, parle du syndrome métabolique, on évoque ma vie personnelle (au cas où, il y a des psy dans la clinique) et professionnelle (à cause du stress), mes maladies, mon mal de dos récurrent. Prise de sang, analyse d'urine. Je repars avec du magnésium pour éviter les crampes et faciliter le sommeildans les jours à venir, des probiotiques pour réensemencer mon intestin.
JOUR 3  "LE DÉBUT DE MON JEÛNE COMPLET..."
L'infirmière m'annonce le programme : le jeûne commence par une purge avec de sulfate de soude (sels Glauber). Ne pas vider son intestin m'exposerait à toutes sortes de souci : sensation de faim, ballonnements, maux de ventre. On me purgera au lavement tous les deux jours (si, si, j'appréhende un peu...). Côté alimentation : juste un bol de bouillon de légumes (ou de jus de fruits) à midi et le soir. Une petite coupelle de miel pour l'énergie. Et basta ! 400 calories en tout, de quoi ne pas perdre son stock de vitamines et de minéraux. Je découvre la sieste langée avec une bouillotte sur le foie car le chaud, m'explique-t-on « active l'irrigation sanguine de cette organe et accélère son fonctionnement ». Je bois beaucoup (au moins 2 litres), des tisanes, de l'eau, toujours pour éliminer. Je fais du sport pour respirer, favoriser les échanges, nourrir mes organes de bon oxygène, perdre de la graisse mais pas de muscle. Pendant le jeûne, on se fait du bien. On peut choisir parmi différentes activités. Je choisis une séance de kiné qui assouplit mes articulations et libère mes ligaments de la sclérose. On peut aussi s'offrir des massages ayurvédiques pour nourrir la peau quelque peu desséchée par le jeûne.
JOUR 5 :  "TROIS JOURS DE JEÛNE, DÉJÀ"
Comme on me l'avait dit, bizarrement, je ne souffre pas de la faim. Mais plutôt de « l'idée de ne pas passer à table ». Il y a des hauts et des bas, des moments d'excitation, puis cette impression d'être dans du coton. Ma voisine de chambre se plaint d'avoir « plus de migrainesqu'avant ». L'infirmière lui explique que c'est le pic du 3ème jour, la fameuse crise d'acidose et la soigne. J'assiste à des conférences sur la nourriture, les voyages, je lis beaucoup -parce que, lorsqu'on ne mange pas, on ne dépense pas d'énergie à digérer, donc on dort moins. Mais mes efforts intellectuels se soldent par un zéro pointé. J'oublie... tout ! Je vérifie quinze fois mon planning, je suis incapable de citer un nom d'auteur ou un film. Décompenserais-je une maladie d'Alzheimer ? Je suis follement inquiète. « C'est l'effet jeûne ! » me rassure un habitué. Je rencontre aussi deux femmes opérées d'un cancer du sein qui ont choisi une détox post-chimio, profitent du programme de drainage lymphatique et se remettent à l'activité physique. Des hommes d'affaire font baisser leur taux de cholestérolet leur tension. Il y a aussi les rhumatisants. « Mes douleurs articulaires disparaissent complètement, pendant plusieurs mois après le séjour » confie un Italien qui vit dans les avions et les hôtels. Une Mexicaine y voit une cure de jeunesse. Deux Vénézuéliens soignent ici leur terrain allergique, une jeune Française vient perdre 3 kilos avant le maillot. Les expériences s'échangent. On rit, on s'avoue ses faiblesses, partageons nos expériences et nous donnons mutuellement des conseils. L'atmosphère est charmante, très gaie. Au fil des jours, l'esprit comme le corps s'allège. Le dernier jour, une compote et quelques amandes pour me préparer à demain.
JOUR 8 : "MA RUPTURE DE JEÛNE ET MA RÉADAPTATION"
C'est la phase plus difficile. Certains se réjouissent de mâcher à nouveau, de redécouvrir de vraies saveurs. Moi je suis triste. Comme si m'alimenter allait m'alourdir. Je comprends soudainement les femmes anorexiques, les saintes qui jeûnent sans fin pour mieux s'exalter ! Il faut se réadapter en douceur.Au petit déjeuner, 2 pruneaux et du gruau d'épeautre que j'ai bien du mal à avaler. Au déjeuner une salade d'endives, avec un peu de fromage blanc, un peu de purée de pommes de terre, quelques épinards frais. A deux heures, un yaourt maigre, quatre noisettes, 1 pomme, au diner un velouté de potiron. 800 calories en tout.Notre table est décorée de deux bougies et nous recevons un petit diplôme : nous avons suivi avec succès une cure de jeûne thérapeutique de 6 jours. Fierté.Dans les deux jours qui suivent, nous reprendront 1000 puis 1200 calories. Trois kilos de moins sur la balance, le teint frais, pleine d'énergie, un dossier plein de recettes végétariennes. A moi Paris !
DEUX MOIS APRÈS : "UN SACRÉ CHANGEMENT"
J'ai continué à perdre du poids (2 kg) à la maison, sans pourtant penser régime. Mais mes goûts se sont modifiés. J'ai drastiquement diminué la viande (au point de me demander si un jour je ne deviendrai pas végétarienne), le sucre, je bois peu d'alcool. J'ai rempli les étagères de cuisine d'épices, et de céréales et de produits nouveaux (quinoa, farine de pois chiches, huile de lin, vinaigre balsamique blanc), je me suis offert un nouveau mixer épatant... Et je maintiens ce rythme, sans effort, malgré les sorties et invitations. Combien de temps cela durera ? Je ne sais pas. Mais l'expérience m'a marquée plus profondément. C'est surtout cela que je retiens. Alors qu'avant, quand j'étais fatiguée, je cherchais à apporter « plus » à mon corps, je sais que c'est souvent du côté du « moins » que se trouve la solution !
A SAVOIR AVANT DE SE LANCER DANS UN JEÛNE
- On peut faire une petit test Il est fortement déconseillé d'entreprendre un jeûne seul, sans expérience. Toutefois tout un chacun peut sans risque, en comprendre les bienfaits en adoptant un jour par semaine une monodiète. On ne mange que des fruits pendant toute une journée, en buvant beaucoup de tisanes et d'eau. Le début du printemps est une bonne période pour se "délester" de ses toxines.
- Il existe des contre-indicationsSi l'Allemagne, l'Espagne et la Russie disposent de véritables « cliniques du jeûne », ce n'est pas le cas en France. Chez nous, les centres dédiés à cette pratique ne proposent pas d'encadrement médical. A chacun donc d'évaluer ses risques ! Il est conseillé de prendre l'avis de son médecin en cas de fragilités particulières
- Il fait prendre le temps de s'informerEt il est sage de se poser les questions suivantes avant de se décider : à quelle distance se trouve le premier médecin ? Quel type d'encadrement est prévu ? (présence de naturopathe etc...), qui encadre les activités ? (yoga, randonnées etc.) ?

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