«
Délestez- vous ! » Tel pourrait être le mot d'ordre de cette clinique où l'on
jeûne pour des raisons thérapeutiques ou simplement de bien-être. Tout est fait
pour remettre en marche le système encrassé par le stress, la nourriture grasse
et les médicaments. Marie-Christine, qui s'est offert cette cure, raconte.
JOUR 1 "JE DÉCOUVRE L'ENDROIT..."
Arrivée
à la clinique Buchinger, le lieu fondateur du jeûne thérapeutique, en
Allemagne, sur les bords du lac de Constance*. On le comprend tout de suite :
cet endroit est « sérieux ». Sobriété de mise du côté des patients, blouses
blanches dans les couloirs, rien à voir avec un spa. Vite le restaurant pour un
déjeuner léger. Au menu, salade de tomates, riz et petits légumes. Amatrice de
café (interdit ici comme tous les excitants) je goûte le malt et je m'en
accommode.
JOUR 2 "PREMIÈRE VISITE
MÉDICALE"
Ce matin,
comme je le ferai tous les matins vers 7 heures, je me rends chez l'infirmière
pour mon check-up : tension, poids. Aujourd'hui sera un « jour de repos
digestif ». Je choisis une mono-diète de fruits variés (options tout riz ou
tout pommes de terre possible) à laquelle je m'adapte sans difficultés
.Première visite médicale dans l'après-midi. Le médecin mesure mon tour de
taille, parle du syndrome métabolique, on évoque
ma vie personnelle (au cas où, il y a des psy dans la clinique) et
professionnelle (à cause du stress), mes maladies, mon mal de dos récurrent. Prise
de sang, analyse d'urine. Je repars avec du magnésium pour éviter les crampes
et faciliter le sommeildans les jours à venir, des probiotiques pour
réensemencer mon intestin.
JOUR 3 "LE DÉBUT DE
MON JEÛNE COMPLET..."
L'infirmière
m'annonce le programme : le jeûne commence par une purge avec de sulfate de
soude (sels Glauber). Ne pas vider son intestin m'exposerait à toutes sortes de
souci : sensation de faim, ballonnements, maux de ventre. On me
purgera au lavement tous les deux jours (si, si, j'appréhende un peu...). Côté
alimentation : juste un bol de bouillon de légumes (ou de jus de fruits) à midi
et le soir. Une petite coupelle de miel pour l'énergie. Et basta ! 400 calories
en tout, de quoi ne pas perdre son stock de vitamines et de minéraux. Je
découvre la sieste langée avec une bouillotte sur le foie car le chaud,
m'explique-t-on « active l'irrigation sanguine de cette organe et
accélère son fonctionnement ». Je bois beaucoup (au moins 2 litres),
des tisanes, de l'eau, toujours pour éliminer. Je fais du sport pour
respirer, favoriser les échanges, nourrir mes organes de bon oxygène, perdre de
la graisse mais pas de muscle. Pendant le jeûne, on se fait du bien. On peut
choisir parmi différentes activités. Je choisis une séance de kiné qui
assouplit mes articulations et libère mes ligaments de la sclérose. On peut
aussi s'offrir des massages ayurvédiques pour nourrir la peau quelque peu
desséchée par le jeûne.
JOUR 5 : "TROIS JOURS
DE JEÛNE, DÉJÀ"
Comme
on me l'avait dit, bizarrement, je ne souffre pas de la faim. Mais plutôt de «
l'idée de ne pas passer à table ». Il y a des hauts et des bas, des moments
d'excitation, puis cette impression d'être dans du coton. Ma voisine de chambre
se plaint d'avoir « plus de migrainesqu'avant ». L'infirmière lui
explique que c'est le pic du 3ème jour, la fameuse crise d'acidose et la
soigne. J'assiste à des conférences sur la nourriture, les voyages, je lis
beaucoup -parce que, lorsqu'on ne mange pas, on ne dépense pas d'énergie à
digérer, donc on dort moins. Mais mes efforts intellectuels se soldent par un
zéro pointé. J'oublie... tout ! Je vérifie quinze fois mon planning, je suis
incapable de citer un nom d'auteur ou un film. Décompenserais-je une maladie d'Alzheimer ? Je
suis follement inquiète. « C'est l'effet jeûne ! » me rassure un habitué. Je
rencontre aussi deux femmes opérées d'un cancer du sein qui ont choisi une détox post-chimio, profitent du programme de drainage lymphatique
et se remettent à l'activité physique. Des hommes d'affaire font baisser leur
taux de cholestérolet leur tension. Il y a
aussi les rhumatisants. « Mes douleurs articulaires disparaissent complètement,
pendant plusieurs mois après le séjour » confie un Italien qui vit dans les
avions et les hôtels. Une Mexicaine y voit une cure de jeunesse. Deux Vénézuéliens
soignent ici leur terrain allergique, une jeune Française vient perdre 3 kilos
avant le maillot. Les expériences s'échangent. On rit, on s'avoue ses
faiblesses, partageons nos expériences et nous donnons mutuellement des
conseils. L'atmosphère est charmante, très gaie. Au fil des jours, l'esprit
comme le corps s'allège. Le dernier jour, une compote et quelques amandes pour
me préparer à demain.
JOUR 8 : "MA RUPTURE DE
JEÛNE ET MA RÉADAPTATION"
C'est
la phase plus difficile. Certains se réjouissent de mâcher à nouveau, de
redécouvrir de vraies saveurs. Moi je suis triste. Comme si m'alimenter allait
m'alourdir. Je comprends soudainement les femmes anorexiques, les saintes qui
jeûnent sans fin pour mieux s'exalter ! Il faut se réadapter en douceur.Au
petit déjeuner, 2 pruneaux et du gruau d'épeautre que j'ai bien du mal à
avaler. Au déjeuner une salade d'endives, avec un peu de fromage blanc, un peu
de purée de pommes de terre, quelques épinards frais. A deux heures, un yaourt
maigre, quatre noisettes, 1 pomme, au diner un velouté de potiron. 800 calories
en tout.Notre table est décorée de deux bougies et nous recevons un petit
diplôme : nous avons suivi avec succès une cure de jeûne thérapeutique de 6
jours. Fierté.Dans les deux jours qui suivent, nous reprendront 1000 puis 1200
calories. Trois kilos de moins sur la balance, le teint frais, pleine
d'énergie, un dossier plein de recettes végétariennes. A moi Paris !
DEUX MOIS APRÈS : "UN SACRÉ
CHANGEMENT"
J'ai
continué à perdre du poids (2 kg) à la maison, sans pourtant penser régime. Mais mes goûts se sont modifiés. J'ai
drastiquement diminué la viande (au point de me demander si un jour je
ne deviendrai pas végétarienne), le sucre, je bois peu d'alcool. J'ai rempli les
étagères de cuisine d'épices, et de céréales et de produits nouveaux (quinoa, farine de pois chiches, huile de lin,
vinaigre balsamique blanc), je me suis offert un nouveau mixer épatant... Et je
maintiens ce rythme, sans effort, malgré les sorties et invitations. Combien de
temps cela durera ? Je ne sais pas. Mais l'expérience m'a marquée plus
profondément. C'est surtout cela que je retiens. Alors qu'avant, quand j'étais
fatiguée, je cherchais à apporter « plus » à mon corps, je sais que c'est
souvent du côté du « moins » que se trouve la solution !
A SAVOIR AVANT DE SE LANCER DANS
UN JEÛNE
-
On peut faire une petit test Il
est fortement déconseillé d'entreprendre un jeûne seul, sans expérience.
Toutefois tout un chacun peut sans risque, en comprendre les bienfaits en
adoptant un jour par semaine une monodiète. On ne mange que des fruits pendant
toute une journée, en buvant beaucoup de tisanes et d'eau. Le début du
printemps est une bonne période pour se "délester" de ses toxines.
-
Il existe des contre-indicationsSi
l'Allemagne, l'Espagne et la Russie disposent de véritables « cliniques du
jeûne », ce n'est pas le cas en France. Chez nous, les centres dédiés à cette
pratique ne proposent pas d'encadrement médical. A chacun donc d'évaluer ses
risques ! Il est conseillé de prendre l'avis de son médecin en cas de
fragilités particulières
-
Il fait prendre le temps de s'informerEt
il est sage de se poser les questions suivantes avant de se décider : à quelle
distance se trouve le premier médecin ? Quel type d'encadrement est prévu ?
(présence de naturopathe etc...), qui encadre les activités ? (yoga, randonnées
etc.) ?
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