Bien que le mercure émane naturellement des rochers, du sol et des
volcans, les activités humaines ont augmenté son niveau dans
l'atmosphère. La population canadienne court le risque d'être exposée à
du mercure provenant de nombreuses sources, notamment la nourriture et
les amalgames dentaires.
Contexte
On utilise le mercure dans divers procédés industriels et
produits commercialisés. Depuis les années 70, les préoccupations
environnementales donnent lieu à une baisse de l'utilisation et du
traitement du mercure dans le monde.
Le mercure existe sous trois formes :
- le mercure élémentaire - élément liquide argenté, brillant et volatil qui dégage une vapeur incolore et inodore à la température de la pièce;
- le mercure inorganique - élément formé lorsque le mercure élémentaire est combiné à d'autres éléments comme le soufre, le chlore ou l'oxygène afin de créer des composés connus sous le nom de sels de mercure;
- le mercure organique - composés, comme le méthylmercure, formés lorsque le mercure élémentaire est combiné à du carbone.
Le mercure est une source de contamination mondiale, étant
donné qu'il est toxique, qu'il ne se décompose pas dans l'environnement
et qu'il peut s'accumuler dans les organismes vivants. Dans sa forme
vaporeuse élémentaire, le mercure peut être porté par le vent sur de
longues distances et demeurer dans l'atmosphère pendant de longues
périodes.
Le mercure peut se transformer dans l'environnement. Certains
types de bactéries et de champignons ont par exemple la faculté de
donner au mercure sa forme la plus toxique, le méthylmercure. Le
méthylmercure tend à s'accumuler, jusqu'à un certain point, dans tous
les poissons, mais plus particulièrement dans les prédateurs comme le
requin, l'espadon, certaines espèces de thon (généralement vendues à
l'état frais ou surgelé), l'escolar, le voilier et l'hoplostète orange,
ainsi que dans les mammifères marins. Les poissons d'eau douce
prédateurs comme le brochet, l'achigan et le doré jaune peuvent
également contenir des niveaux élevés de méthylmercure. Comme le poisson
constitue aussi une excellente source de protéines de qualité et
d'acides gras oméga-3 et qu'il est faible en gras saturés, il faut
soigneusement prendre en considération les bienfaits et les risques liés
à sa consommation.
Sources de mercure
Toutes les formes de mercure proviennent d'une gamme de
sources naturelles comme les volcans, le sol, les évents marins, les
zones géologiques riches en mercure et les feux de forêts, sans oublier
les lacs, les rivières et les océans. Toutefois, les activités humaines
ont augmenté la quantité de mercure dans l'environnement de plusieurs
façons, notamment par divers procédés de combustion et procédés
industriels comme la production d'énergie au charbon, l'extraction et la
fonte de minerais métalliques ainsi que l'incinération des déchets.
Le mercure peut également provenir de la lixiviation des sols
inondés aux nouveaux emplacements de barrages hydroélectriques ou dans
toute zone inondée. Ce procédé est susceptible d'accroître les niveaux
de mercure dans la chaîne alimentaire aquatique en eau douce à ces
endroits.
Des produits comme les piles miniatures, les tubes
fluorescents, les thermomètres, les thermostats, les commutateurs et
les relais, les baromètres ainsi que les amalgames dentaires peuvent
contenir du mercure; néanmoins, il existe des solutions de rechange
exemptes de mercure dans la plupart des cas. Le mercure est également
utilisé en très faible concentration dans certains produits
homéopathiques. Mais lorsqu'on l'utilise selon les normes de fabrication
réglementées, le mercure contenu dans les produits homéopathiques est
considéré comme inoffensif. Le mercure est également utilisé dans la
médecine traditionnelle un peu partout dans le monde. Le fait de jeter
ces produits peut causer des fuites de mercure à partir des sites
d'enfouissement ou des déchets incinérés et accroître la quantité de
mercure dans l'environnement.
En raison de la toxicité et des effets du mercure sur la
santé humaine et environnementale, même de petits renversements de
mercure doivent être tenus pour dangereux et nettoyés avec prudence. Le
mercure élémentaire liquide, qu'on retrouve communément dans les
thermomètres, les thermostats et les baromètres ménagers, forme
rapidement une vapeur toxique, incolore et inodore lorsqu'il se répand.
Si elle est inhalée, la vapeur est vite absorbée par les poumons. Les
enfants sont particulièrement à risque puisque les vapeurs du mercure,
plus lourdes que l'air, persistent souvent près du sol où les petits
rampent et jouent. Votre représentant de santé publique pourra vous
donner de plus amples renseignements sur la façon de nettoyer les petits
renversements de mercure.
Effets sur la santé de l'exposition au mercure
Les effets sur la santé de l'exposition au mercure dépendent
de la forme chimique dans laquelle l'élément se trouve (élémentaire,
inorganique ou organique), de la voie d'exposition (inhalation,
ingestion ou contact cutané) et du niveau d'exposition. Les vapeurs de
mercure élémentaire liquide et le méthylmercure sont absorbés plus
facilement que les sels de mercure inorganique et peuvent, de ce fait,
être plus nocifs. Il importe de réduire, dans la mesure du possible, son
exposition à toute forme de mercure.
Mercure élémentaire
Les effets sur la santé du mercure élémentaire dépendent de
la durée et du type d'exposition. Si, par exemple, une personne avalait
du mercure élémentaire liquide provenant d'un thermomètre brisé,
l'absorption par le corps serait limitée. En revanche, l'inhalation des
vapeurs de mercure émanant de ce thermomètre brisé faciliterait
l'absorption et pourrait occasionner des problèmes de santé. Des
concentrations élevées de vapeur de mercure peuvent causer des lésions à
la bouche, aux voies respiratoires et aux poumons et sont susceptibles
de provoquer la mort par insuffisance respiratoire. L'exposition à long
terme à de faibles concentrations peut provoquer des symptômes analogues
à ceux provoqués par le méthylmercure.
Composés inorganiques du mercure
Le mercure inorganique peut provoquer de l'insuffisance
rénale et des lésions gastro-intestinales. Les sels de mercure sont
irritants et peuvent provoquer des cloques et des ulcères sur les lèvres
et la langue. Les éruptions cutanées, la transpiration excessive,
l'irritabilité, la fibrillation musculaire, la faiblesse et
l'hypertension artérielle sont autant de symptômes de l'exposition à des
niveaux élevés de composés inorganiques du mercure.
Composés organiques du mercure (comme le méthylmercure)
Le mercure peut se transformer dans l'environnement. Le
méthylmercure tend à s'accumuler, jusqu'à un certain point, dans tous
les poissons, mais plus particulièrement dans les prédateurs
susmentionnés. L'absorption du méthylmercure se fait d'abord par le tube
digestif pour ensuite se répandre dans le reste du corps. L'élément
toxique pénètre facilement dans le cerveau, où il peut demeurer pendant
une longue période. Chez la femme enceinte, il peut traverser le
placenta et s'accumuler dans le cerveau et les tissus du foetus.
L'enfant peut également être contaminé au méthylmercure par ingestion de
lait maternel.
Le système nerveux en développement d'un enfant est
particulièrement sensible au méthylmercure. Les effets varient selon le
niveau d'exposition; ils peuvent se manifester par une baisse du QI, des
retards moteurs et verbaux, un manque de coordination, des problèmes de
cécité ou encore des crises d'épilepsie. Chez les adultes, les effets
d'une exposition importante se remarquent par des changements de
personnalité, des tremblements, des troubles visuels, des problèmes de
surdité, la perte de coordination musculaire et de sensation, des
troubles de la mémoire, des déficiences intellectuelles et même le
décès.
Risques d'intoxication au mercure
En général, les Canadiens et Canadiennes ne risquent pas de
s'intoxiquer au mercure. Toutefois, les gens qui sont exposés à des
niveaux élevés de mercure peuvent connaître des ennuis de santé allant
de l'éruption cutanée à l'anomalie congénitale, voire le décès dans les
cas d'empoisonnement extrêmes.
Les gens qui consomment quotidiennement de grandes quantités
de poisson, de mammifères marins et de gibier accroissent leurs risques.
Le foetus en développement et les enfants dont les mères ont consommé
énormément de poisson et de mammifères marins durant leur grossesse sont
les plus susceptibles d'éprouver des ennuis de santé. Cependant,
l'exposition au méthylmercure par la consommation de poisson est
généralement si faible qu'il est difficile d'en mesurer les effets
indésirables possibles sur la santé, et ce, même à l'aide d'appareils
ultrasensibles permettant d'analyser les changements dans les aptitudes
cognitives. Les avantages nutritionnels de la consommation de poisson
peuvent contrebalancer de tels effets sur la santé. Les enfants, qui
tendent à porter les choses à leur bouche, risquent d'augmenter leur
ingestion de mercure par les sols et les objets contaminés.
Dans des régions comme l'Arctique, le régime alimentaire
traditionnel peut consister, à certains moments de l'année, en des
quantités importantes de poisson ou de mammifères marins. Il importe
toutefois de considérer les risques éventuels versus les nombreux
avantages nutritifs et socioculturels d'une alimentation de ce genre.
Les gens qui se préoccupent de l'exposition au mercure
peuvent fournir des échantillons de cheveux, de sang ou d'urine chez le
médecin ou dans une clinique médicale pour qu'on procède à des analyses.
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